Energie : le grand bond en avant du renouvelable

JEAN-PHILIPPE DELOBELLE / BIOSPHOTO

La crise mondiale liée à la guerre en Ukraine accélère la transition énergétique. Une transformation d'autant plus rapide que désormais l'éolien, le solaire ou la géothermie deviennent moins chers que le pétrole ou le gaz.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°912, daté février 2023.

Certains économistes appellent cela "la théorie du coup de pied aux fesses". Elle pose que les humains n’agissent réellement que lorsqu’ils sont au pied du mur. Ce pourrait être le cas en cet hiver 2022-2023 dans le domaine de l’énergie. Dans son dernier rapport annuel, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) enregistre une accélération jamais vue du développement des énergies renouvelables. La raison ? La crise mondiale provoquée par la guerre en Ukraine. Le conflit accélère la transition énergétique du fait du boycott européen du gaz russe. Selon l’AIE, 2400 gigawatts (GW) d’éolien, de solaire, de bioénergies devraient être installés d’ici à 2027, soit l’équivalent en cinq ans de ce qui a été mis en place depuis le début du siècle. Ces 5000 GW représenteront dans cinq ans 38% du mix énergétique mondial.

L'Union européenne est évidemment concernée au premier chef. Mais les États-Unis ont également adopté cet été leur "Inflation Reduction Act" qui alloue 40 milliards d'euros de prêts aux énergies renouvelables d'ici à 2026. Le 14e plan quinquennal chinois 2022/2027 prévoit 1200 GW de nouvelles capacités, soit un doublement de son parc actuel. Paradoxalement, sa part dans la production de l'éolien et du photovoltaïque va cependant régresser de 90 à 75 % sur cette période, tant l'effort mondial est intense. Selon l'AIE, la production du solaire et de l'éolien va dépasser celle du charbon en 2025. Le monde retrouverait ainsi la trajectoire qui doit le mener au "zéro émission nette" en 2050. Une accélération d'autant plus rapide que les énergies renouvelables sont désormais moins chères que les énergies fossiles dans les deux tiers des États, avec un coût autour de 70 euros le mégawattheure (MWh). En France, les oppositions à la loi sur l'accélération des énergies renouvelables apparaissent à contre-courant de la tendance mondiale. L'État s'est pourtant engagé en 2021 à cou[...]

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