EN DIRECT: Le Royaume-Uni et les Pays-Bas donnent le coup d'envoi des élections européennes

Les électeurs britanniques et néerlandais donnent ce jeudi le coup d'envoi des élections européennes étalées sur quatre jours. /Photo prise le 23 mai 2019/REUTERS/Piroschka van de Wouw

LONDRES/AMSTERDAM (Reuters) - Les électeurs britanniques et néerlandais donnent ce jeudi le coup d'envoi des élections européennes étalées sur quatre jours.

Quelque 427 millions d'électeurs européens inscrits dans les 28 Etats membres sont appelés aux urnes d'ici dimanche pour élire pour cinq ans les 751 députés du futur Parlement européen.

Aucun résultat officiel n'est attendu avant dimanche soir, quand le vote sera clos en Italie, dernier pays à voter.

Selon les pays, des projections seront diffusées à la fermeture des bureaux de vote.

C'est le Royaume-Uni, en même temps que les Pays-Bas, qui ouvre le bal: situation paradoxale pour un pays qui a voté à 52% il y a près de trois ans en faveur d'un retrait de l'Union européenne mais dont le divorce n'a toujours pas eu lieu.

Alors que le Brexit est désormais fixé pour le 31 octobre au plus tard, les 73 députés européens élus en Grande-Bretagne pourraient ne jamais siéger, ou seulement sur une partie de la législature, jusqu'au divorce effectif. Dans ce cas, 27 des sièges qu'ils occupent seraient réattribués à 14 Etats membres (ces députés de "réserve" seront élus en même temps que les autres) et les 46 autres supprimés: le Parlement européen serait dès lors ramené de 751 à 705 députés.

En mai 2014, à l'occasion des précédentes élections européennes, la participation moyenne s'était fixée à 43% des inscrits.

EN GRANDE-BRETAGNE, LE BREXIT DANS TOUTES LES TÊTES

Quelque 46,8 millions d'électeurs inscrits sont appelés à participer entre 06h00 et 21h00 GMT à un scrutin auquel ils n'auraient jamais dû prendre part. Le Brexit, approuvé majoritairement par référendum le 23 juin 2016, était en effet censé prendre corps le 29 mars dernier.

L'incapacité de la classe politique britannique à s'entendre sur l'accord de retrait négocié par Theresa May avec les Européens contraint les Anglais, les Ecossais, les Gallois et les Nord-Irlandais à élire 73 députés européens qui, paradoxe supplémentaire, ne siégeront peut-être jamais au Parlement de Strasbourg.

Exploitant la colère, l'impatience et le sentiment de trahison de l'électorat "brexiter", Nigel Farage, figure de proue du référendum de 2016, fait largement la course en tête avec son Parti du Brexit, lancé le mois dernier seulement, mais crédité de 37% des intentions de vote dans un sondage YouGov publié mercredi.

Aux dernières élections européennes, en 2014, Farage et le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (Ukip) qu'il dirigeait alors étaient déjà arrivés en tête, mais avec 27% des suffrages.

Le Parti conservateur de Theresa May émerge seulement à la cinquième place, avec 7% des intentions de vote (contre 23% en 2014). Les bureaux de vote ouvrent alors que les médias britanniques titrent sur l'imminence du départ de la Première ministre.

Le Labour paie également ses divisions sur le Brexit: avec 13% des intentions de vote (contre 25% en 2014), il est distancé par les Libéraux Démocrates (19%) et talonné par les écologistes du Green Party (12%), deux partis favorables au maintien dans l'UE.

La télévision britannique ne diffusera pas de projections après la fermeture des bureaux de vote. Les résultats ne seront connus que dimanche soir à partir de 21h00 GMT.

AUX PAYS-BAS, BAUDET VEUT INCARNER LE "NEXIT"

Le Forum pour la démocratie, du nationaliste Thierry Baudet, s'apprête à entrer en force au Parlement européen.

Aux dernières élections législatives, en 2017, son parti n'avait obtenu que 2% des suffrages; les sondages lui donnent 15% des intentions de vote pour le scrutin de ce jeudi, au coude à coude avec le Parti populaire libéral et démocrate, la formation du Premier ministre Mark Rutte.

A 36 ans, le jeune leader nationaliste a martelé son message économique et culturel sur fond de "Les Pays-Bas d'abord". Il évoque le déclin de la civilisation chrétienne et européenne sous les coups de l'immigration et prône une sortie de l'Union européenne.

Dans une critique de "Sérotonine", dernier roman en date de Michel Houellebecq, qu'il a fait paraître dans la revue trimestrielle conservatrice The American Affairs, il questionne aussi l'émancipation féminine et son "résultat inévitable": "le déclin démographique de l'Europe".

Baudet a attiré à lui une large part de l'électorat du Parti de la liberté de Geert Wilders, la formation traditionnelle de l'extrême-droite néerlandaise qui n'est plus mesurée qu'à 5% dans les intentions de vote.

"Ces élections reposent sur la question de savoir si le premier parti des Pays-Bas sera ou non favorable à un Nexit", a prévenu Mark Rutte, reprenant le néologisme désignant une sortie néerlandaise de l'UE formé sur le modèle du Brexit.

"Il serait néfaste pour notre sécurité et notre stabilité qu'un tel parti devienne la principale (formation néerlandaise) au Parlement européen."

Thierry Baudet a pour sa part accusé le Premier ministre néerlandaise d'être un "suiveur" et non un "leader". Il compare par ailleurs le président sortant de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à Hitler et à Napoléon, estimant qu'il partage avec eux une même haine de la Russie.

Les 13,5 millions d'électeurs néerlandais vont désigner 26 députés au Parlement européen (leur nombre passera à 29 une fois le Royaume-Uni parti).

La télévision néerlandaise annoncera une projection dès 21h00 (19h00 GMT).

(Kylie MacLellan à Londres et Anthony Deutsch à Amstermdam avec Alastair Macdonald à Bruxelles; Henri-Pierre André pour le service français)