Comment Emmanuel Macron veut accélérer la réindustrialisation
Le président de la République promet de « diviser par deux les délais » pour une implantation industrielle en France.
INDUSTRIE - Emmanuel Macron doit dévoiler jeudi sa stratégie pour « accélérer » la « réindustrialisation » du pays. En attendant, le président a annoncé, ce mercredi 10 mai dans un entretien pour l’hebdomadaire Challenges, la prochaine mise en place de « procédures hypersimplifiées » pour « diviser par deux les délais » d’une nouvelle implantation industrielle en France.
Le chef de l’État entend pour cela « réinvestir davantage dans les sites clés en main, renforcer l’utilisation de friches industrielles, afin aussi de réconcilier industrialisation et non-artificialisation » des sols.
« La priorité des grands investisseurs, qu’il s’agisse de data center, d’usines d’automobiles ou de grandes usines de batteries, d’Américains, d’Asiatiques ou d’Européens, c’est la rapidité. Vous pouvez leur proposer des milliards d’aides, si vous mettez deux ans à instruire une procédure et que ce sont des mètres cubes de papier, l’échec est assuré », a-t-il estimé.
« J’en appelle à un agenda de simplification et d’accélération de nos procédures, en mobilisant tous les acteurs qui participent à ces décisions », a-t-il ajouté. « La clé, c’est la simplicité et la rapidité », « surtout face à la Chine et aux États-Unis ».
Le président Macron ouvre, par cet entretien et la réunion de jeudi à l’Élysée, une longue séquence économique qui s’inscrit dans sa tentative de relancer son quinquennat après la crise de la réforme des retraites.
Et il met pour cela l’accent sur la réindustrialisation du pays, décrite comme « la mère des batailles » - après s’être attelé aux retraites, longtemps présentées en Macronie comme « la mère de toutes les réformes ».
Les grands axes du projet de loi « industrie verte »
« Réindustrialiser, c’est créer du pouvoir d’achat, financer notre modèle social, construire un avenir pour nos enfants, attirer l’innovation et les talents de tous les secteurs, réduire le déficit du commerce extérieur. Et puis, bien sûr, stopper le décrochage de cette France des territoires », a-t-il plaidé dans Challenges.
« Si on ne gagne pas la bataille de l’industrialisation, on ne pourra pas gagner celle du plein-emploi, redonner des perspectives et des projets aux territoires et donc cimenter à nouveau notre unité nationale », a-t-il insisté.
Emmanuel Macron vante longuement le bilan de sa politique économique des six dernières années, qu’il juge « cohérente » après « des décennies » d’« incohérence » et de « lâcheté ».
« Depuis six ans, nous avons créé 1,7 million d’emplois, avec plus de 300 créations nettes d’usines depuis 2017 », a-t-il fait valoir. Si cette « dynamique » se maintient, « nous aurons rattrapé d’ici la fin du quinquennat le choc de désindustrialisation dû à la crise de 2008 en recréant autant d’usines et d’emplois ».
Le chef de l’État affirme au passage que la France a été en 2022 « pour la quatrième année consécutive » le « premier pays d’Europe en nombre de décisions d’investissements étrangers ».
Jeudi, il doit préciser sa stratégie et notamment les grands axes du projet de loi « industrie verte » qui sera présenté mardi en Conseil des ministres. Il vise à décliner les aides censées permettre de tenir la compétition face à la politique industrielle ambitieuse des États-Unis.
Il ira ensuite à Dunkerque, dans le Nord, pour des annonces sur une nouvelle implantation d’usine de batteries de véhicules électriques. Et lundi, il accueillera à Versailles la sixième édition du sommet « Choose France » pour attirer les investissements étrangers.
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