Quand Emmanuel Macron promettait d'être "intraitable" envers les violences policières

Le 5 juin, Justin Trudeau a posé longuement le genou à terre lors d'une manifestation pour protester contre la mort de George Floyd. L'image du dirigeant canadien a fait le tour du monde, alors que de l'autre côté de l'Atlantique, en France, une voix reste silencieuse. Depuis le début des manifestations pour dénoncer les violences policières aux Etats-Unis, qui ont relancé le débat en France, Emmanuel Macron n'intervient pas publiquement.

Le candidat Macron avait pourtant fait de la confiance entre les citoyens et la police un thème de campagne. Promettant "une politique de tolérance zéro à l'égard de toute dérive ou de toute forme de violence", Emmanuel Macron évoquait un grand ménage. "Je le redis ici, je serai intraitable, et ce que je ne comprends pas c'est qu'on ne mette pas en cause la hiérarchie policière quand il y a de manière évidente un problème. Il faut qu'il y ait des procédures judiciaires mais il faut ensuite qu'il y ait une responsabilité policière et administrative quand il y a des comportements déviants", disait-il alors sur Mediapart deux jours avant son élection en mai 2017.

Et d'ajouter: "Ensuite, quand il y a des violences policières sur le terrain, on doit donner tout éclaircissement à ces violences. [...] Quand il y a des violences, il y a une responsabilité hiérarchique. Il y a des commissaires, des directeurs départementaux de la sécurité publique, des préfets, des ministres. Il n'y aura pas d'incident sans réponse. Moi je suis pour un système de responsabilité."

"Inacceptable" de parler de violences policières

A l'époque le candidat Macron évoquait les "violences policières", quand le président de la République jugeait en mars 2019 qu'il est "inacceptable dans un Etat de droit" de parler de "répression ou de violences policières", tandis que du côté de la police on parle de "violences illégitimes".

Après la mobilisation des gilets jaunes et la controverse sur l'usage du LBD, les vidéos montrant des policiers adoptant des comportements inadaptés ou encore la mort à Paris de Cédric Chouviat, ce livreur à scooter décédé lors de son interpellation, Emmanuel Macron s'était à nouveau emparé de ce sujet.

En janvier 2020, le président de la République annonçait avoir demandé au gouvernement "des propositions claires pour améliorer la déontologie" des forces de l’ordre. Sans utiliser le terme de "violences policières", il évoquait alors "des comportements qui ne sont pas acceptables", sans toutefois "généraliser" ces comportements. Deux mois plus tard, il réaffirmait son propos. "Quand des violences ont lieu, les policiers doivent être sanctionnés si leurs actes sont avérés. Mais je récuse le terme de 'violences policières', la violence est d'abord dans la société", déclarait-il.

Le chef de l'Etat rappelait alors sa ligne: "A chaque fois qu'il y a des actes de policiers ou de gendarmes qui ne respectent pas la déontologie je souhaite qu'il soient poursuivis, sanctionnés de manière exemplaire."

Accélération des réformes

La mort de George Floyd aux Etats-Unis a relancé le débat avec notamment la mobilisation en mémoire d'Adama Traoré, mort en 2016 à la suite de son interpellation par des gendarmes. En coulisses, le président de la République a mis la pression sur son gouvernement le week-end dernier en lui demandant d'accélérer dans ses propositions pour améliorer la déontologie des forces de l'ordre mais aussi "de faire le point sur les mesures envisagées après l'affaire de la boucle WhatsApp" et des propos racistes proférés par des policiers sur les réseaux sociaux, selon son entourage.

La réponse a été donnée dans la foulée par le ministre de l'Intérieur. Lors d'une conférence de presse lundi, Christophe Castaner a annoncé un panel de mesures censées répondre aux accusations de racisme et de violences proférées contre les forces de l'ordre: fin de la technique d'interpellation dite de "l'étranglement", suspension systématique en cas de soupçons de racisme, rappel du cadre des contrôles d'identité, usage renforcé des caméras piéton ou encore réforme des inspections du ministère de l'Intérieur (...) pour plus d'indépendance de la police. Une réponse du gouvernement appuyée ce mardi matin par la visite du Premier ministre à Evry pour rencontrer des policiers.


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Article original publié sur BFMTV.com