Emmanuel Macron peut-il décréter tout seul l’instauration d’une « Fête du sport » ?

Emmanuel Macron, ici lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, le 28 août 2024 à Paris.
DIMITAR DILKOFF / AFP Emmanuel Macron, ici lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, le 28 août 2024 à Paris.

POLITIQUE - L’annonce a eu l’effet escompté. Sitôt évoquée par Emmanuel Macron dans Le Parisien ce vendredi 13 septembre, l’idée d’organiser chaque année une grande « Fête du sport » le 14 septembre a provoqué de nombreuses réactions, et lancé sur ce thème la « Grande parade » organisée ce samedi sur les Champs-Élysées, en clôture des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024.

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« Nous devons nous retrouver autour d’une fête du sport, populaire, qui se déploie dans la rue, les écoles, les complexes sportifs dédiés. Dans nos villes, nos villages, nos quartiers », a justifié le chef de l’État, souhaitant que cette journée annuelle permette « de réenclencher, pour la rentrée, la pratique du sport au quotidien ». Sauf que, alors que le président se retrouve (du moins théoriquement) dans une période de cohabitation, son idée a été comprise comme une annonce officielle, supposant l’alignement d’un gouvernement conforme à cette volonté pour voir le jour.

Ce qui ne peut être le cas, puisque le gouvernement est toujours démissionnaire, en dépit de la nomination de Michel Barnier à Matignon, et qu’il apparaît prématuré d’affirmer avec cette certitude que la prochaine équipe gouvernementale accepte automatiquement une idée du chef de l’État, si consensuelle soit-elle. Ce qui fait grincer quelques observateurs, à l’image du politologue Patrick Weil qui, répondant à une réflexion de Sylvain Bourmeau, directeur du journal AOC, interroge sur le réseau social X : « le président de la République sait-il que ses pouvoirs sont ramenés à ceux délimités par le texte de la Constitution dont il est le garant ? Qu’il ne peut plus dire “j’ai décidé” que dans de très rares situations ? ».

Le modèle de la Fête de la Musique

Ce qui, in fine, revient à poser la question suivante : Emmanuel Macron peut-il décréter l’instauration d’une « Fête du sport » annuelle ? Pour y répondre, un précédent peut servir d’exemple. Celui de l’instauration de la Fête de la Musique en 1982. Organisée chaque année le 21 juin, celle-ci a été mise en place par la seule initiative du ministère de la Culture, confié à l’époque au socialiste Jack Lang. Et ce, sans que cela passe par le Parlement, puisqu’il s’agit de laisser aux acteurs du monde musical et aux collectivités locales le soin de se saisir de l’événement. Comme c’est toujours le cas aujourd’hui.

Par ailleurs, il s’agit d’un jour de fête, et non d’un jour férié. Ce qui n’implique aucunement une modification du Code du travail, qui en fixe le nombre annuel. Il ne s’agit pas non plus d’une fête nationale, puisqu’aucune commune n’est sommée d’organiser des concerts tous les 21 juin. Auprès du HuffPost, l’entourage d’Emmanuel Macron confirme qu’il s’agit de la même chose, mais appliqué au sport. « C’est seulement une intention. Puis, derrière, il y aura un travail à engager avec le mouvement sportif, les associations et les collectivités », explique un conseiller élyséen, précisant que l’organisation d’un tel événement sera « nécessairement collective », tout comme son éventuelle pérennité.

En d’autres termes, le chef de l’État (que l’on sait soucieux de l’héritage qu’il entend laisser après ses deux mandats) ne décrète pas l’instauration définitive d’une fête nationale consacrée au sport, mais lance et promeut cette idée, laquelle devra être reprise et adoptée par les acteurs concernés. « Super-idée cette Fête du Sport ! Merci Président », a réagi sur le réseau social X, Jack Lang, l’un des instigateurs de la Fête de la Musique.

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