Emmanuel Macron ne sera pas présent à la COP29 en Azerbaïdjan, voici pourquoi
L’absence du chef de l’État est justifiée par des relations « complexes » entre France et Azerbaïdjan. Reste que le signal envoyé est mauvais pour le climat.
CLIMAT - Une manière de condamner un régime oppressif… aux dépens de la planète ? La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé mercredi 6 novembre qu’Emmanuel Macron ne se rendrait pas à la COP29 qui s’ouvre à Bakou lundi 11 novembre. Si la France compte ainsi mettre de la distance avec la dynastie Aliev, qui gouverne d’une main de fer en Azerbaïdjan, le signal envoyé pour le climat est mauvais.
Répondant à une question du sénateur écologiste Yannick Jadot, qui lui demandait de « boycotter [la COP29] pour le climat, pour les Arméniens et pour les droits humains », dans le contexte du conflit frontalier opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan, la ministre a assuré au Sénat que la France ne « ferait pas de politique de la chaise vide ». En d’autres termes, le pays sera représenté par une délégation, mais pas par le président de la République.
Une relation « complexe » avec l’Azerbaïdjan
Une information relativisée par l’Élysée auprès HuffPost ce jeudi 7 novembre, soulignant que le chef de l’État « ne participe pas de façon systématique à toutes les COP ». « Il n’a notamment pas assisté à la COP 24 en Pologne et la COP 25 en Espagne », pointe son entourage.
Mais au-delà de l’asbsence du président de la République parmi la centaine de chef d’Etat et de gouvernement qui feront le déplacement à Bakou, « aucun dirigeant français » ne participera en personne à la COP29, a insisté la ministre Pannier-Runacher, précisant : « C’est la première fois depuis l’accord de Paris » de 2015.
« Nous avons des relations complexes, compliquées, en langage diplomatique, avec l’Azerbaïdjan, et il n’y aura aucun événement auquel participeront des officiels français qui mettraient en valeur d’une quelconque façon tel ou tel élément de la politique azérie », a ensuite assuré la ministre devant la commission de l’Aménagement du Territoire et du Développement durable du Sénat. Et d’affirmer qu’« il n’y aura non plus aucun contact avec les autorités azéries qui n’ait de rapport avec la COP ».
Les relations entre Bakou et Paris se sont envenimées ces derniers mois, rappelle Euronews. En premier lieu à cause du soutien de la France à l’Arménie après l’invasion du Haut-Karabakh, enclave du Petit Caucase où vivaient des milliers d’Arméniens, par les forces azerbaïdjanaises fin 2023. Ensuite, en raison de nombreux différends, dont l’arrestation d’un Français en Azerbaïdjan, accusé d’« espionnage » en janvier 2024.
« Bien entendu, j’aurais préféré que cette COP se tienne ailleurs. J’aurais préféré qu’elle ne se tienne pas à Bakou puisque l’année dernière, lorsque le vote a été fait et que nous avons pris part au vote, c’est Bakou qui a gagné contre l’Arménie », pour organiser la prochaine conférence sur le climat, a appuyé Agnès Pannier-Runacher.
Toutefois, « il nous appartient de porter les couleurs de l’accord de Paris », a aussi fait valoir la ministre, alors que le président américain nouvellement élu, Donald Trump, pourrait en retirer les États-Unis, comme il l’avait fait lors de son premier mandat. « La COP est une négociation onusienne multilatérale qui est la seule négociation (en) relation avec le climat qui réunit tous les pays du monde », a-t-elle encore souligné.
Des absences en cascade qui envoient un « signal fatal »
Emmanuel Macron est loin d’être le seul à ne pas se rendre à ce sommet annuel des Nations Unies sur le climat. Le président américain sortant, Joe Biden (qui sera encore en fonction au moment du rendez-vous de Bakou), et le président russe, Vladimir Poutine, ont également annoncé leur absence. Le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, a annulé sa participation en raison d’une blessure à la tête, a rapporté Reuters. D’après The Guardian, les dirigeants de la Chine, de l’Afrique du Sud, du Japon et de l’Australie ne devraient pas non plus participer aux discussions.
Même la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a décidé de ne pas faire le trajet jusqu’en Azerbaïdjan. « La Commission est dans une phase de transition et la présidente se concentrera donc sur ses fonctions institutionnelles », a justifié un porte-parole de l’instance européenne. Une décision qui a soulevé des questionnements quant à l’engagement de l’Europe face à la crise climatique. Cité par The Guardian, Michael Bloss, un eurodéputé vert allemand a déclaré qu’il s’agissait d’un « signal fatal » que la femme la plus puissante d’Europe, ainsi que d’autres dirigeants, aient choisi de ne pas assister à la conférence de l’ONU.
L’absence des chefs d’État est d’autant plus dommageable que les enjeux de la COP29 sont grands. Pour la première fois en quinze ans, les pays développés devront se mettre d’accord sur un nouvel objectif de financement mondial à destination des pays pauvres. Sauf que les principaux donateurs, dont l’Union européenne et les États-Unis, n’ont toujours pas indiqué le montant qu’ils étaient prêts à verser. Les États doivent également donner de nouveaux engagements climatiques nationaux pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. Des objectifs sans lesquels l’accord de Paris sur le climat risque d’être définitivement enterré.
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