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Emmanuel Macron lie la radicalisation à un échec des élites

Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, estime que les "élites" portaient une part de responsabilité dans la radicalisation de certains Français, des propos allant à contre-courant du diagnostic posé par une partie de la classe politique française, y compris à gauche. /Photo prise le 24 septembre 2015/REUTERS/Stefan Wermuth

PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a affirmé dans un entretien diffusé dimanche, deux semaines après les attaques meurtrières à Paris, que les "élites" portaient une part de responsabilité dans la radicalisation de certains Français. Le ministre avait tenu le week-end dernier des propos allant dans le même sens, à contre-courant du diagnostic posé par une partie de la classe politique française, y compris à gauche. "Le devoir de tout responsable politique, c'est de comprendre, d'expliquer. Pas pour excuser, pour ne pas que ça se reproduise", a déclaré le ministre de l'Economie dans l'interview diffusée dimanche par Canal+. "Si on regarde les choses en face, ces jeunes sont nés, ils ont grandi en France. Ce ne sont pas des gens d'un autre continent, d'une autre planète", a-t-il dit au sujet des auteurs des attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts. "Comment la radicalisation arrive dans nos sociétés ? Parce qu'il y a cet hydre morbide qu'est le terrorisme djihadiste, mais parce qu'on a aussi quelque part raté quelque chose", a ajouté Emmanuel Macron. "On a laissé s'installer de l'exclusion. Je ne dis pas que l'exclusion explique, je dis qu'elle est là. Ces jeunes qui se radicalisent, ce sont des jeunes qui parfois ont perdu le lien familial, qui parfois n'avaient plus d'espoir social", a-t-il encore dit. D'après lui, "les élites, pas la société (...), ont une responsabilité". Interrogée dimanche matin sur les propos tenus la semaine dernière par son collègue au gouvernement, Ségolène Royal s'est dite en "total désaccord" et précisé qu'il ne fallait pas, selon elle, "culpabiliser la République française". "Je crois qu'il ne faut absolument pas tenir ces propos", a déclaré la ministre de l'Ecologie au Grand rendez-vous Europe 1-iTELE-Le Monde. Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a quant à lui affirmé lors du Grand jury RTL-Le Figaro-LCI que ce n'était pas "le sujet du moment". Cette semaine, le Premier ministre, Manuel Valls, avait jugé à l'Assemblée nationale qu'il ne fallait chercher "aucune excuse sociale, sociologique et culturelle". "Dans notre pays, rien ne justifie qu'on prenne des armes et qu'on s'en prenne à ses propres compatriotes", avait-il dit lors d'une séance de questions au gouvernement. L'émission diffusée dimanche par Canal+ avait été pour l'essentiel enregistrée avant les attaques du 13 novembre, mais un complément dans lequel le ministre de l'Economie s'exprime sur la radicalisation a été tourné vendredi, précise l'émission sur son compte Twitter. (Simon Carraud; édité par Henri-Pierre André)