Emmanuel Macron juge que l'Algérie "se déshonore" en détenant l'écrivain Boualem Sansal
Près de deux mois après l'arrestation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, Emmanuel Macron s'est exprimé sur son sort lors de ses vœux aux ambassadeurs ce lundi 6 janvier à l'Élysée. Accusé d'atteinte à la sûreté de l'État, l'intellectuel a été arrêté en Algérie dès son arrivée à l'aéroport d'Alger le 16 novembre dernier.
"L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est", a jugé le chef de l'État.
"Je demande instamment sa libération"
L'intellectuel a reçu notamment le grand prix du roman de l'Académie française en 2015 avant d'être naturalisé en 2024. Si les raisons officielles de son arrestation ne sont pas connues, les autorités algériennes pourraient avoir mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières.
Il y avait jugé que le territoire du Maroc aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie - une position proche du casus belli pour Alger.
L'écrivain se trouve depuis la mi-décembre dans une unité de soins hospitaliers, d'après des déclarations de son avocat. Son arrestation est survenue alors que les relations diplomatiques sont à nouveau particulièrement tendues entre la France et l'Algérie.
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a évoqué pour la première fois le 30 décembre dernier le sort de l'écrivain, le qualifiant d'"imposteur" envoyé par la France.
Réponse d'Emmanuel Macron devant les ambassadeurs: "nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal".
"Les doutes" de la diplomatie française
En novembre dernier, l'entourage du chef de l'État français avait fait savoir que le président était "très préoccupé par la disparition" de l'intellectuel.
Après un réchauffement des relations en 2022 symbolisé par la visite d'Emmanuel Macron en Algérie en 2022 après plusieurs années de froid notamment sur la question des visas, le ton est en effet à nouveau monté entre Paris et Alger ces dernières semaines.
Interpellations d'influenceurs algériens, propos d'Emmanuel Macron sur "la souveraineté" marocaine sur le Sahara occidental...
Le pouvoir algérien est en guerre de communication avec Paris. En décembre, la télévision d’État a diffusé un documentaire qui accuse le renseignement français de comploter avec des islamistes en Algérie.
La situation a poussé le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot à évoquer sur RTL dimanche "ses doutes" sur la volonté algérienne de respecter "la feuille de route" décidée par les deux pays lors de la visite du dirigeant français en 2022.