Emmanuel Macron fête le premier anniversaire d’un CNR toujours aussi flou et contesté
POLITIQUE - Une bougie à souffler mais pas sûr que l’ambiance soit si joyeuse que cela. Emmanuel Macron a convoqué à l’Élysée ce jeudi 7 septembre un nouveau Conseil national de la refondation (CNR), presque un an jour pour jour après le lancement du concept en Essonne. L’Élysée l’assure, ce rendez-vous n’a rien d’un enterrement et doit au contraire acter la « poursuite opérationnelle » de ce qui a été construit. Encore faut-il pouvoir identifier de quoi il s’agit.
Emmanuel Macron et Élisabeth Borne attendent les mêmes participants que lors du point précédent en décembre 2022 : des représentants de la majorité, la CFDT, la CFTC et l’Unsa... Et puis c’est tout. Ce sera l’occasion de « faire un premier bilan de l’année écoulée et préciser les intentions du gouvernement sur un certain nombre de chantiers », assure la présidence. Aussi, Emmanuel Macron pourra, comme il l’avait déjà fait en décembre, « défendre tout le travail fait cette année » et auquel « on ne rend pas forcément justice ».
« Un CNR pour quoi faire ? »
C’est un euphémisme, tant les critiques sont incessantes deuis le début du projet. En décembre, trois mois seulement après le lancement, un ministre confiait à L’Opinion le succès tout relatif des ateliers organisés à travers la France. « Le grand public ne vient pas, on ne voit dans les réunions que les personnes concernées », constatait-il.
Dans l’opposition, les moqueries de Mathilde Panot qui taclait « un bidule devenu bide » font écho aujourd’hui à celles de la CGT, de la CFE-CGC et FO qui ont refusé l’invitation présidentielle, au même titre que les responsables d’opposition politique - un remake du mois de décembre. « Un CNR pour quoi faire ? », interroge ainsi auprès de l’AFP Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.
À l’heure de fêter le premier anniversaire, l’Élysée sort les chiffres pour tenter de prouver l’utilité du projet : des centaines d’ateliers, 50 000 contributions collectives ou individuelles, 19 000 écoles volontaires pour participer aux échanges, 240 projets territoriaux qui ont vu le jour et 30 millions d’euros pour les réaliser... Et s’il faut dire là où « les résultats sont les plus spectaculaires à ce jour », l’entourage du président cite l’Éducation, un domaine dans lequel il ne cesse de s’impliquer.
Mais l’avis est loin de faire consensus. Le 12 juillet, un rapport d’information mené par trois sénateurs (LR, Union centriste et Socialiste) étrille le bilan du CNR en matière d’éducation et pointe une mise en œuvre « désordonnée et peu transparente ». Quant aux conclusions du CNR Logement, elles ont laissé les acteurs sur leur faim, la Fondation Abbé Pierre déplorant l’absence de mesures pour le logement social.
« Il faut voir le verre à moitié plein »
« Il faut voir le verre à moitié plein, tous les rapporteurs vous diront que le partage de diagnostic est sans précédent » veut croire l’Élysée, qui promet que la feuille de route du nouveau ministre du Logement Patrice Vergriete s’inspirera des échanges.
Un an après donc, hors de question de reconnaitre un échec. « Des mesures très concrètes sont sorties du CNR, niveau local et national », assure la présidence qui évoque très à propos le permis de conduire à 17 ans. Faut-il en attendre de nouvelles à l’issue du point d’étape anniversaire ? Pas nécessairement évacue-t-on, car l’objectif est surtout de « remettre en perspective les projets de terrain ». Du « très concret » dont on a du mal à percevoir la teneur, et qui risque de passer (encore) inaperçu. D’autant qu’aucune prise de parole publique du chef de l’État n’est annoncée à la fin de cette plénière. Comme s’il n’avait rien à dire.
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