Emmanuel Macron appelle à "ne pas boycotter" les "extrêmes" mais à les "affronter les yeux dans les yeux"

Une phrase qui peut surprendre, après des mois à juger La France insoumise et le Rassemblement national "hors de l'arc républicain". Devant le gouvernement, réuni mercredi lors d'un séminaire pour évoquer les suites à donner aux rencontres de Saint-Denis, le président a changé de tonalité.

"Il faut associer toutes les forces politiques, y compris les extrêmes. Il ne faut pas leur donner le luxe d’être au balcon", a lancé Emmanuel Macron, d'après des informations du Parisien, confirmées par BFMTV.com.

Changement de braquet

Avant de lancer: "il faut reconnaître le résultat du vote. Les forces républicaines sont celles que les Français ont choisies. Il ne faut pas les boycotter, mais les affronter les yeux dans les yeux".

Ces propos ont tout d'une volte-face présidentielle. Depuis des mois, le chef de l'État et sa Première ministre n'ont de cesse d'éviter toute discussion avec le RN et LFI, considérés comme "en dehors de l'arc républicain" et à chaque fois renvoyés dos-à-dos.

Comprendre: pas question d'accords de circonstances à l'Assemblée nationale avec ces deux mouvements qui représentent pas moins de 164 députés dans l'hémicycle. Et tant pis si la distinction ne fait aucune nuance entre les parlementaires insoumis et RN aux votes souvent diamétralement opposés.

LFI et le RN pas convoqués initialement à la rencontre de Saint-Denis

En juillet, au moment de lancer son "initiative d'ampleur" pour reprendre politiquement la main, le chef de l'État avait annoncé proposer "aux forces politiques de l'arc républicain une série de rencontres pour déterminer des projets sur lesquels cheminer ensemble".

Sans les nommer explicitement, Manuel Bompard, le numéro 1 de La France insoumise et Jordan Bardella, le patron du RN, étaient donc exclus du raout à Saint-Denis. L'Élysée avait finalement changé d'avis en les conviant. Emmanuel Macron avait même décroché son téléphone pour appeler en personne le bras droit de Marine Le Pen.

Mais faut-il y voir un vrai changement de doctrine de la part de l'exécutif? Du côté du gouvernement, on relativise.

"Notre idée est de se parler de façon apaisée, de trouver des sujets sur lesquels se mettre d'accord, comme on souhaite le faire depuis le début du second quinquennat", nous explique une participante au séminaire gouvernemental.

"On les met devant leurs responsabilités"

Le président aurait-il également tiré de ses propres enseignements? Emmanuel Macron avait recadré Élisabeth Borne en juillet dernier qui avait accusé le RN d'être "un héritier de Pétain". Il faut éviter de combattre le parti par des "mots des années 90" et des "jugements moraux", avait répliqué le chef de l'État.

"Vous n'arriverez pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour l'extrême droite que ce sont des fascistes", avait encore tancé le locataire de l'Élysée.

Pour lui, Marine Le Pen "arrivera (au pouvoir) si on ne sait pas répondre aux défis du pays et si on installe une habitude du mensonge ou du déni du réel".

"En les mettant autour de la table, avec nous, on force LFI et le RN à se positionner et à montrer que, même quand on propose des solutions bonnes pour le pays, ils ne les acceptent pas. On les met devant leurs responsabilités, c'est plutôt malin", veut croire un conseiller ministériel.

Article original publié sur BFMTV.com