Emmanuel Macron : Émeutes, référendums, immigration... une interview de rentrée tous azimuts pour le président
POLITIQUE - Pour sa rentrée politique, Emmanuel Macron a martelé ce mercredi 23 août sa volonté de « rebâtir la nation », en mettant l’accent sur l’école, et annoncé une grande réunion la semaine prochaine avec toutes les forces politiques en quête d’accords « utiles pour la France », dont certains pourraient être soumis à référendum.
Dans un entretien-fleuve au Point pour sa rentrée politique, le chef de l’État détaille son « initiative d’ampleur » pour débloquer une situation toujours complexe à l’Assemblée nationale, où il est dépourvu de majorité absolue depuis sa réélection en 2022.
Après les émeutes urbaines du début de l’été, il confirme son diagnostic controversé de « décivilisation ». « Il faut donc s’atteler à reciviliser », affirme-t-il, tout en vantant son bilan économique et sécuritaire.
« Bâtir des accords utiles pour la France »
Il va convier la semaine prochaine « toutes les forces politiques représentées » au Parlement -- probablement le mercredi 30 août selon certains partis invités -- « dans un lieu en région parisienne ».
La réunion portera « sur la situation internationale et ses conséquences sur la France », et sur les émeutes. Objectif : « renforcer l’indépendance de notre pays et rebâtir notre nation et tout ce qui la tient », à savoir, selon le président, « la famille, l’école, le service national universel, la transmission de notre culture, notre langue, la régulation des écrans » ou encore « notre organisation et nos institutions dans tous les territoires ».
« Je suis sûr que nous pouvons bâtir des accords utiles pour la France », insiste-t-il.
Avoir recours aux référendums, mais aussi au 49.3, encore
« Sortiront de ces travaux des décisions immédiates, des projets et propositions de loi mais aussi des projets de référendums », ajoute-t-il. Avant d’enfoncer le clou : il « compte bien » avoir « recours » au référendum -- même s’il ne précise pas sur quoi, et qu’il a évoqué plusieurs fois cette option en six ans de présidence sans jamais passer à l’acte.
Au passage, il prévient qu’il ne se privera pas d’utiliser à nouveau le controversé article 49.3 de la Constitution, comme sur les retraites, pour imposer sans vote un texte « important ». Notamment le futur projet de loi sur l’immigration, le plus sensible des prochains mois, même s’il assure vouloir « éviter » cet outil constitutionnel.
« La situation que nous connaissons n’est pas tenable et nous devons réduire significativement l’immigration, à commencer par l’immigration illégale », déclare Emmanuel Macron, tout en assurant que la France n’est pas « submergée par l’immigration » comme l’affirment certains à sa droite. Il plaide « en parallèle » pour une meilleure « intégration ».
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est une énième fois mandaté pour remettre cet ouvrage sur le métier après moult reports.
« Moins d’écrans, et plus d’école »
Les Républicains, qui font monter les enchères sur l’immigration et feraient tomber le gouvernement s’ils venaient à voter une motion de censure avec le reste des oppositions, ont bénéficié d’un traitement à part : le président a appelé mardi leur patron Eric Ciotti, pour évoquer son initiative. « Une sorte de séminaire où chacun pourrait parler librement », selon l’entourage du député.
Emmanuel Macron assure aussi qu’il ne saurait se « contenter d’un taux de chômage à 7% », et décline sa vision d’une transition écologique « désirable » et pas donneuse de « leçons ».
Mais c’est sur l’école qu’il s’étend particulièrement dans l’hebdomadaire, jugeant qu’il s’agit d’une priorité face aux défis actuels.
« On a besoin de moins d’écrans, et plus d’école », lance-t-il pour résumer sa pensée, dénonçant une nouvelle fois le rôle « majeur » des réseaux sociaux dans les émeutes et les dérèglements sociétaux.
« Trop de vacances » pour les élèves
En première ligne sur les chantiers de l’Éducation confiés au ministre Gabriel Attal lors du remaniement de juillet, le chef de l’État précise certains projets. Fidèle à sa conviction qu’il y a « trop de vacances », il dit vouloir que les élèves « qui en ont besoin » puissent rentrer à l’école « dès le 20 août » pour « faire du rattrapage », et estime qu’il faut des « ajustements » sur le calendrier du bac car certaines épreuves sont trop « tôt dans l’année ».
Lors du Conseil des ministres de rentrée, le chef de l’État a par ailleurs voulu couper court à la « petite musique sur les hausses d’impôts » qui bruisse. Mais il a admis qu’il faudrait « faire des choix », alors que l’exécutif est à la recherche d’économies pour un budget 2024 sous contrainte financière.
« Il n’est pas question, ce n’est pas du tout la philosophie du gouvernement, d’augmenter les impôts des ménages », a déclaré peu après Élisabeth Borne sur France Bleu.
La Première ministre a néanmoins admis que l’augmentation des franchises médicales faisait « partie des réflexions ». « Un nouvel impôt qui ne dit pas son nom », ont dénoncé à l’unisson le patron du PS Olivier Faure et celui du PCF Fabien Roussel.
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