Emmanuel Macron à l’Otan : la situation politique française intéresse mais n’inquiète pas
OTAN - Après le résultat des élections législatives qui rebattent l’échiquier politique en France, Emmanuel Macron se savait attendu sur le sujet au sommet de l’Otan à Washington. Le chef de l’État n’a pas hésité à réaffirmer jeudi 11 juillet les engagements de son pays sur l’Ukraine, l’Europe et l’Alliance, malgré la crise politique actuelle à l’Assemblée nationale - sans majorité claire -, et reçu un soutien appuyé du chancelier allemand Olaf Scholz.
« J’ai pu confirmer à l’ensemble de mes homologues et alliés que la France aurait une approche de continuité de ses engagements internationaux, qu’il s’agisse de l’Europe, de l’Alliance ou du soutien à l’Ukraine, car les forces politiques qui constituent une majorité à l’Assemblée sont en faveur de ces lignes », a-t-il déclaré à l’issue du sommet.
« En aucun cas ce sont les forces qui les remettaient en cause qui ont dégagé une majorité et ça les a rassurés », a-t-il insisté, visant les extrêmes droite et gauche. « Par ailleurs, la France a une Constitution claire en ces domaines qui permet d’assurer la continuité de sa politique étrangère et sa crédibilité internationale », a encore souligné Emmanuel Macron.
Les Alliés redoutaient qu’une victoire du RN ne remette en cause le soutien militaire de la France à l’Ukraine, ses engagements financiers au sein de l’Otan et son rôle moteur dans la construction européenne. Mais l’extrême droite a finalement terminé troisième du scrutin, derrière la gauche et le camp présidentiel.
Olaf Sholz « très confiant »
Selon le président, La France insoumise, qui revendique la victoire au sein d’un Front populaire avec les socialistes, les écologistes et les communistes, pose aussi problème car elle « questionne notre dissuasion ».
Emmanuel Macron appelle pour sa part à la formation d’une coalition associant toutes les « forces républicaines » et excluant de facto le RN comme LFI. Le président a assuré avoir fait entendre « une voix forte » de la France durant le sommet, alors que la situation politique à Paris était dans tous les esprits.
« Il incombe maintenant aux responsables politiques de trouver une solution et d’en tirer parti. Je suis très confiant sur le fait qu’ils finiront par le faire », a déclaré Olaf Scholz. « La France a un président fort, qui agit sur la scène internationale », a ajouté le chancelier, soulignant avoir eu un « très bon échange avec (son) ami Emmanuel Macron » mercredi en marge du sommet. « La France sera sur la scène internationale un partenaire important, un partenaire solide pour nous tous et particulièrement pour l’Allemagne », a-t-il encore indiqué.
L’Allemagne a elle-même une longue tradition de gouvernements de coalition, y compris entre adversaires chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates qui dominent la vie politique allemande depuis 1949.
« Marques de respect »
Emmanuel Macron lui a expliqué à quoi une coalition pourrait ressembler en France, avec un certain nombre de « paramètres » tels que le soutien à l’Ukraine, l’engagement européen, la transition verte et la stabilité fiscale.
Le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer, issu de la gauche, a lui aussi posé des questions sur le processus post-électoral. Les deux dirigeants se sont entendus sur leur « convergence au centre » et ont convenu de se revoir plus longuement à l’occasion du sommet de la Communauté politique européenne (CPE) le 18 juillet au Royaume-Uni, a relevé un participant.
Côté français, on réfute également tout affaiblissement du chef de l’État, malgré l’instabilité actuelle, en pointant au passage les « marques de respect » à son égard durant le sommet.
Pour la plupart des Alliés, habitués aux usages du régime parlementaire, les négociations de longue haleine pour former un gouvernement de coalition n’ont rien d’exceptionnel. « Ce qui est assez extraordinaire pour nous, semble-t-il, est pour beaucoup de partenaires très ordinaire », souligne-t-on encore de source diplomatique française.
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