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Elsa Zylberstein star d'un émouvant biopic sur Simone Veil: "Il fallait que ça prenne aux tripes"

Elsa Zylberstein dans
Elsa Zylberstein dans

C'est le rôle de sa vie. Elsa Zylberstein sort ce mercredi Simone, le voyage du siècle, émouvant film retraçant la vie de Simone Veil. Un projet dans lequel elle s'est complètement investie afin d'incarner l'ancienne ministre de la Santé de 36 à 87 ans (Rebecca Marder l'incarne de l'adolescence à l'aube de la trentaine).

"Je veux faire ce film depuis dix ans", raconte la comédienne à BFMTV. "J'ai eu la chance de la côtoyer un petit peu. Et plus je la côtoyais, plus elle me fascinait. Lorsque j'ai lu Une vie [son autobiographie, ndlr], je me suis dit qu'il fallait faire un film sur cette grande dame, sur ce destin exceptionnel."

Le film, qui sort ce mercredi au cinéma, n'est pas un biopic classique, mais un récit kaléidoscopique qui retrace de manière non-linéaire le parcours de cette figure du XXe siècle, qui s'est battue toute sa vie pour la dignité des êtres. "Je ne voulais pas que le film soit une page Wikipédia", insiste Elsa Zylberstein.

"Un film fort et émouvant"

C'est d'ailleurs l'actrice elle-même qui a proposé le projet au réalisateur Olivier Dahan, dont elle avait adoré La Môme, son biopic d'Edith Piaf avec Marion Cotillard. "Mais c'est lui qui a eu l'idée du scénario déconstruit", précise-t-elle. "C'est pour ça que je suis allée le chercher. Il fallait que ça prenne aux tripes. Il fallait faire un film fort et émouvant."

Objectif réussi, à en croire les réactions du public lors des avant-premières: "Dans les salles, les gens sont bouleversés. Je suis vachement fière et heureuse de ne pas m'être trompée. J'ai été bluffée par le film."

A l'inverse de la plupart des biopics, Simone, le voyage du siècle ne dresse pas seulement le portrait d'une personnalité marquante de notre société. C'est avant tout un film sur le devoir de mémoire, sur l'importance de la transmission de l'histoire de la Shoah, dont les derniers témoins sont en train de disparaître.

Une idée motivée par les rencontres d'Elsa Zylberstein avec Simone Veil. "Quand je l'ai rencontrée, j'ai tout vu dans ses yeux. Les gens qui ont été dans les camps y pensent tout le temps. 'On est encore au camp', me disait Paul Schaffer [rescapé d’Auschitz et proche de Simone Veil, ndlr]."

"Tous les gens que j'ai rencontrés, que ce soit Ginette Kolinka, Marceline Loridan-Ivens ou Paul Schaffer sont tous obsédés par la transmission, pour que l'horreur ne se reproduise pas", explique Elsa Zylberstein. "Simone, en tant que femme politique, en accédant aux plus hautes fonctions, participait à cette lutte."

"Il y a un écho avec l'actualité, c'est affolant"

Biopic non-traditionnel, Simone, le voyage du siècle évacue ainsi dès ses premières minutes le célèbre discours de Veil pour défendre le droit à l'IVG en 1974. Le film explore ensuite d'autres périodes de sa vie, avec comme point culminant du récit son quotidien à Auschwitz, pour en faire "un symbole de la résilience absolue".

Simone évite aussi de s'appesantir sur sa vie privée pour se focaliser sur ses combats. "On n'avait pas le choix. Tout s'entremêle dans sa vie. Tout ce qu'elle vit au camp va conditionner sa vie. Si elle n'y avait pas été, elle n'aurait pas été la même femme. Quand on côtoie la monstruosité au début de sa vie, quelle femme devient-on?"

Les combats de Simone Veil sur l'Europe, l'immigration et l'avortement sont plus actuels que jamais. "On a l'impression qu'ils ont été écrits la semaine dernière!", s'exclame Elsa Zylberstein. "Il y a un écho avec l'actualité, c'est affolant. Et le film devait sortir plus tôt! C'est quand même très, très troublant."

"J'ai tout fait pour devenir elle"

Pour incarner Simone Veil, Elsa Zylberstein s'est préparée pendant un an. "Il fallait que ça infuse. Je ne voulais pas l'imiter, mais que mon corps soit comme une seconde peau, que ça devienne quelque chose de naturel", détaille la comédienne, qui a pris neuf kilos pour le rôle.

"J'ai appris à parler comme elle, à marcher comme elle. J'ai travaillé avec des coachs. J'ai tout fait pour devenir elle. J'ai appris chaque battement de cœur, de cil, d'avalement de salive, de pas. Je me suis fait une seconde peau. J'ai regardé des heures de documentaires. Je l'ai intégrée en moi."

Après le tournage, Simone Veil était toujours en elle. "C'est la seule fois de ma vie où un rôle est à ce point-là resté en moi. C'est une telle personnalité qu'elle m'a envahie. Elle m'a aidé à vivre. Je pensais à elle dans ma propre vie. J'avais une espèce d'identification avec elle après le tournage."

Et que faire après ce qui est clairement le rôle de sa vie? "Ce n'est pas évident", concède Elsa Zylberstein. "On verra. Il ne faut pas se mettre de pression. Il faut aller dans des mondes différents, comme je l'ai toujours fait. Il faut s'amuser. Par contre, ce qui est vrai, c'est que j'ai envie de rôles forts, de rôles intenses."

Article original publié sur BFMTV.com