Mort d'Elizabeth II : la triste raison pour laquelle sa mort n'a été annoncée qu'à 19h30

Britain's Queen Elizabeth II enters St Paul's Cathedral in London for a service of thanksgiving in honour of her 80th birthday, June 15, 2006. [Around 2,300 people, including Prime Minister Tony Blair, military chiefs and multi-faith leaders packed into St Paul's Cathedral in London to commemorate the monarch's landmark.]
Mort d'Elizabeth II : la triste raison pour laquelle sa mort n'a été annoncée qu'à 19h30

Elizabeth II nous a quittés le jeudi 8 septembre 2022, à l’âge de 96 ans. Et au lendemain de la terrible annonce, il est encore bien difficile d’y croire. En 70 ans de règne, la défunte reine d’Angleterre avait su se faire une place de choix dans le coeur de ses sujets, s’imposant comme une figure incontournable sur la scène internationale, politique ou culturelle. Alors forcément, lorsque la monarque a rendu son dernier souffle, dans sa demeure de Balmoral, en Écosse, il a fallu prendre des dispositions. Notamment la décision de ne pas annoncer la nouvelle tout de suite, pour une raison bien précise.

Un monde sans Elizabeth II. Jeudi 8 septembre 2022, la reine d’Angleterre a tiré sa révérence, seulement quelques mois à peine après avoir célébré son jubilé de platine. Les plus croyants apaisent leur chagrin en se disant que désormais, la voilà enfin réunie avec son époux, le prince Philip, décédé le 9 avril 2021 après plus de 70 ans de vie commune. Pour autant, la nouvelle sonne encore faux. Elizabeth II a marqué de nombreuses générations. Véritable icône, elle est entrée dans le coeur des Britanniques et de bien d’autres. Sa vie, tout le monde ou presque la connait. Du moins les grandes lignes et les petits secrets plus embarrassants, que les tabloïds anglais ont disséqué tout au long de son règne record. Oui, dès ses débuts, la reine Elizabeth II a dû composer avec cette attention médiatique toute particulière et parfois si pesante. Et ce, jusqu’à la fin de sa vie.

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Un communiqué qui a tout déclenché

Le jeudi 8 septembre 2022, c'est d'abord un communiqué de Buckingham Palace qui a suscité la plus vive inquiétude. "Après un nouvel examen ce matin, les médecins de la reine sont préoccupés par la santé de Sa Majesté et ont exigé qu'elle reste sous surveillance médicale." Quelques mots, suivis d'une expression qui fait mouche indiquant que la reine était alors "confortable" dans sa demeure de Balmoral. Nous sommes en plein après-midi, et déjà les plus sceptiques tremblent. Ce terme "confortable" avait également été utilisé dans les derniers jours du prince Philip, lorsqu'il était au plus mal. Est-ce là une façon subtile pour le palais de Buckingham d'annoncer le pire ? Dans la foulée, le Daily Mail l'assure : "Une déclaration sur la santé du monarque est exceptionnellement rare et suggère que la situation est très grave." Le pays retient son souffle.

Et l'inquiétude gagne du terrain lorsque l'on apprend que la famille royale britannique se rend au chevet de la reine d'Angleterre, au château de Balmoral en Écosse. Tous, ou presque, sont là. Le prince Charles, (futur roi Charles III) et sa femme Camilla, la princesse Anne, le duc Andrew, le comte Edward et le prince William. Même le prince Harry et son épouse Meghan Markle sont en route.

Les heures passent sans que l'on en sache davantage. Finalement, à 19h30, un nouveau communiqué officiel de Buckingham Palace met fin à l'insoutenable attente. Elizabeth II s'est éteinte. "La reine est décédée paisiblement à Balmoral cet après-midi. Le roi et la reine consort resteront à Balmoral ce soir et reviendront à Londres demain." Quelques mots, et c'est tout un pays qui s'effondre en sanglots. Aussitôt sur les écrans de télévision, des mines chagrinées se dessinent sur tous les visages. Sur la BBC, le présentateur annonce la mort de la reine, presque trop sonné pour croire à ce qu'il dit. En France aussi, les experts de la famille royale s'émeuvent sur les plateaux de télévision. À commencer par le plus célèbre d'entre eux, Stéphane Bern.

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Une annonce retardée et bien réfléchie

L'animateur star de France Télévisions est, on le sait, un inconditionnel de la couronne. Il a même eu la chance de rencontrer la reine Elizabeth II a plusieurs reprises. De son histoire, il connait tout. Alors, ce vendredi 9 septembre 2022, sur les ondes d'Europe 1, Stéphane Bern est revenu sur les petites habitudes de la monarque, notamment son attrait pour la presse : "Tous les matins et tous les soirs, elle avait tous les journaux." Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle les équipes du palais de Buckingham ont préféré taire un temps l'annonce du décès d'Elizabeth II. "On a annoncé la mort de la reine à 19h30. Pour la même raison qu’on a annoncé la mort de George VI le soir aussi", explique Stéphane Bern, avant de poursuivre : "Pour éviter que les tabloïds du soir ne publient l’information."

Oui, la reine Elizabeth II s'en est allée dans l'après-midi du jeudi 8 septembre 2022, comme beaucoup d'observateurs l'avaient senti. Et si certains sont persuadés que le premier communiqué sur son état de santé visait à préparer en douceur la terrible annonce du décès de la reine, Stéphane Bern apporte davantage d'informations. Selon lui, c'est donc surtout pour éviter que les tabloïds britanniques ne puissent sortir leurs traditionnels gros titres accrocheurs. "Dans la tradition britannique, les journaux du matin, le Time, le Daily Telegraph, sont plus valorisés et valorisants que le journal du soir" explique-t-il. "C’est un vieux réflexe. Elle est morte en début d’après-midi, malheureusement ses petits-fils n’étaient pas encore à son chevet, ils sont arrivés, c’était trop tard. Et on a annoncé à 19h30 officiellement sa mort, comme ça, ça passait dans les éditions du lendemain matin."

Même dans les derniers jours de la reine Elizabeth II, voire les dernières heures, la presse a été une donnée importante à prendre en compte. Éviter cet engrenage médiatique qui a tant de fois poussé la famille royale dans ses retranchements, et qui a même un jour mené la monarque à prendre la parole en 1997 après le décès de Lady Diana. Et cela remonte à plus loin. Le 2 juin 1953, le couronnement d'Elizabeth II est le tout premier à être retransmis à la télévision, sous l'impulsion du prince Philip, désireux de faire entrer la famille royale dans une nouvelle ère. Ce jour-là, la jeune Elizabeth s'est pliée à l'exercice des médias, jouant même le jeu à travers un détail peu connu du grand public, comme l'explique Stéphane Bern : "Elle a accepté de porter un rouge à lèvres bleu pour que ses lèvres puissent être vues lors de la retransmission (en noir et blanc, ndlr)." Le début d'un jeu du chat et de la souris entre Elizabeth II et les médias qui aura donc duré plus de 70 ans...

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