Élections américaines : il meurt un mois après avoir prêté serment

William Henry Harrison est le premier président américain mort au cours de son mandat.
William Henry Harrison est le premier président américain mort au cours de son mandat.

En 1841, le président William Henry Harrison meurt alors qu’il n’a prêté serment qu’un mois plus tôt. Pour la première fois de l’histoire du pays, un vice-président doit donc reprendre le flambeau.

L’histoire des élections présidentielles américaines est jalonnée de plusieurs épisodes marquants et fondateurs. Parmi eux, celui du premier président mort en activité. Un événement qui a conféré une toute nouvelle dimension au rôle de vice-président.

Les faits remontent à l’élection présidentielle de 1840. William Henry Harrison était le candidat du parti Whig. Après une carrière longue carrière militaire, il s’était lancé en politique en devenant notamment gouverneur de l’Indiana, détaille le site de la Maison Blanche. Ce n’est qu’à l’âge de 67 ans - il en avait 68 à son arrivée au pouvoir - qu’il s’est lancé dans la course à la présidentielle américaine, remportée à la fin de l’année 1840. Au moment de prendre ses fonctions, en mars 1841, il était le plus vieux président que le pays ait connu jusqu’ici.

Mort après un mois au pouvoir

Ce n’allait pas être là son seul record. Selon l’encyclopédie Britannica, il faisait froid à Washington le jour où William Henry Harrison a prêté serment, au tout début du mois de mars 1841. Le nouveau président, pas suffisamment couvert, a tout de même tenu un très long discours en extérieur. Ce qui devait arriver arriva : il est tombé malade et son rhume s’est transformé en une pneumonie qui l’a emporté le 4 avril, un mois tout juste après son entrée en fonction.

William Henry Harrison est ainsi devenu le tout premier président américain à mourir en activité. Son vice-président, John Tyler, a alors pris sa place. À l’époque, l’article II de la Constitution prévoyait déjà ce cas de figure : “En cas de destitution, de mort ou de démission du président, ou de son incapacité à exercer les pouvoirs et à remplir les devoirs de sa charge, ceux-ci seront dévolus au vice-président”.

En insistant pour récupérer tous les pouvoirs d’un président pleinement élu dès la mort de William Henry Harrison, John Tyler a tracé une voie qui sera empruntée à plusieurs reprise à l’avenir. Pourtant, ce n’est qu’en 1967 qu’est adopté le XXVe amendement, qui précise qu’“en cas de destitution, décès ou démission du président, le vice-président deviendra président”. Alors que jusqu’ici, il n’héritait officiellement que de son rôle et non de son titre.

L’évolution du choix des vice-présidents

Très rapidement après son arrivée accidentelle à la tête du pays, John Tyler s’est mis les Whig à dos, notamment en opposant son veto à une partie de leur programme, au point de se faire exclure du parti. Pourtant, à cette époque, le vice-président était déjà choisi par les mêmes grands électeurs que le président - avant 1804, le vice-président était tout simplement celui qui arrivait deuxième lors du vote pour le président.

La manière de désigner le bras droit du président a ensuite quelque peu varié au fil des ans. À la fin du XIXe siècle, les grands électeurs se sont engagés à voter pour le candidat désigné par leur parti lors de la Convention, tant pour le rôle de vice-président que pour celui de président.

Depuis le milieu du XXe siècle, c’est le candidat désigné par le parti pour la course à la présidence qui choisit lui-même son futur vice-président. Il est ensuite validé lors de la Convention par les délégués du-dit parti. Cette nouvelle méthode n’est pas forcément gage d’entente parfaite entre président et vice-président. Certains choix ont par exemple été faits pour tenter d’unifier un parti ou pour renforcer des positions dans les États hostiles au candidat choisi pour briguer le mandat présidentiel. C’est ainsi que s’est formée l’alliance entre John F. Kennedy et Lyndon B. Johnson. Le second, un protestant du Texas contrebalançant ainsi avec le premier, catholique du nord. Le Texan offrait également l’avantage de l’expérience, il était un sénateur aguerri et un proche du président de la Chambre des représentants.

Huit présidents morts en activité

À ce jour, Lyndon B. Johnson est d’ailleurs le dernier vice-président à avoir remplacé un chef d’État mort en activité, après l’assassinat de John F. Kennedy en novembre 1963. Avant lui, le cas s’est présenté à plusieurs reprises.

Le vice-président Millard Fillmore est arrivé à la tête du pays à la mort de Zachary Taylor, en 1850. En 1865, Abraham Lincoln - qui avait été réélu en 1864 - est le premier président assassiné alors qu’il est en fonction. La particularité ne s’arrête pas là. Comme le prévoit la loi, c’est donc son vice-président, Andrew Johnson, qui lui a succédé. Mais si le chef d’État élu était un républicain, son bras droit était un démocrate ! Une étonnante situation qui s’explique en fait par le contexte de l’époque : en pleine guerre de Sécession, Abraham Lincoln souhaitait trouver des soutiens parmi les démocrates favorables à la poursuite de la guerre jusqu’à capitulation des Confédérés - et la fin de l’esclavage. D’où cette alliance avec Andrew Johnson.

La liste des présidents morts en activité ne s’arrête pas là. En 1881, James A. Garfield est assassiné et remplacé par son vice-président Chester Arthur. En 1901, William McKinley est également tué durant son mandat. C’est le vice-président Theodore Roosevelt qui lui succède. En 1923, Calvin Coolidge succède à Warren G. Harding, décédé de mort naturelle. En 1945, c’est Franklin D. Roosevelt qui perd la vie, laissant la place à son vice-président Harry Truman.

Autant de situations lors desquelles un vice-président a remplacé le président, comme John Tyler l’avait fait pour la toute première fois en 1841.

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