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Les efforts des Républicains pour se démarquer d'Éric Zemmour

Les efforts des Républicains pour se démarquer de Zemmour (ici le 18 septembre 2021) (Photo: Eric Gaillard via Reuters)
Les efforts des Républicains pour se démarquer de Zemmour (ici le 18 septembre 2021) (Photo: Eric Gaillard via Reuters)

POLITIQUE - “Éric est ici chez lui.” Cette phrase, lancée par Laurent Wauquiez à l’adresse d’un parterre de militants Les Républicains, n’a pas trois ans. Elle a pourtant bien mal vieilli. C’était le 31 janvier 2019 et le polémiste d’extrême droite présentait, en grande pompe, rue de Vaugirard, son dernier livre “Destin français” (Albin Michel), à l’initiative du président LR de l’époque.

Une trentaine de mois plus tard, Éric Zemmour ne cache plus ses ambitions présidentielles... et embarrasse, par conséquent, ses anciens hôtes. De Christian Jacob à Damien Abad, en passant par Valérie Pécresse, plusieurs personnalités s’attachent désormais à mettre en lumière, avec plus ou moins d’évidence, les différences entre le camp gaulliste et le polémiste plusieurs fois condamné pour incitation à la haine. Mais sans fâcher pour autant les électeurs tentés par le chantre du “Grand remplacement”.

Une stratégie en forme de ligne de crête pour Les Républicains, à l’heure où Éric Zemmour, crédité de plus de 10% d’intentions de vote dans les sondages, se rapproche des différents candidats déclarés à droite.

Ni raciste, ni LR pour Jacob

Pas question, par exemple, pour le patron LR de taper trop fort. Interrogé dimanche 26 septembre au soir, sur BFMTV, Christian Jacob s’est refusé à qualifier le polémiste de “raciste” tout en expliquant, à ses yeux, qu’il n’appartenait pas à l’extrême droite.

Une position rapidement critiquée sur les réseaux sociaux et finalement raffermie le lendemain, ce mardi, à l’issue d’un comité stratégique du parti. “Éric Zemmour est dans son couloir, ce n’est pas le mien. Au fur et à mesure qu’il s’exprime, on partage de moins en moins de choses avec lui”, a ainsi expliqué le président des Républicains, plus offensif, en ciblant des “propos” qui “deviennent inquiétants.”

Eric Zemmour une vision pessimiste et décliniste de la société française. Il ne porte aucun espoir pour l'avenirDamien Abad, chef des députés LR à l'Assemblée

Outre ce débat sémantique, sur la question de savoir si oui ou non le polémiste d’extrême droite est raciste, l’état-major du parti essaie surtout de répondre sur le fond en critiquant un potentiel candidat “décliniste” ou monothématique.

“La différence (entre LR et Éric Zemmour NDLR), c’est quoi? C’est que Éric Zemmour a une vision pessimiste et décliniste de la société française”, a ainsi expliqué Damien Abad, le patron des députés Les Républicains à l’Assemblée nationale, lundi sur BFMTV, avant de poursuivre: “Il ne porte aucun espoir pour l’avenir, il n’a aucun projet pour l’avenir. Il dit simplement une chose ‘c’était mieux avant et je veux revenir au passé’. Et bien nous, ce que l’on veut c’est construire le présent et le futur pour les Français.”

Persona non grata à la primaire

Dans ce contexte, la participation d’Éric Zemmour au Congrès de désignation des Républicains, en décembre prochain, apparaît impossible. La direction du parti a en tout cas tout fait pour l’éviter, au travers notamment, d’un “droit de véto” pouvant être dégainé contre tel ou tel profil. “Il n’y a pas de débat, on l’a toujours dit, il n’est pas dans notre famille politique, il n’a rien à faire dans le cadre de notre sélection pour un candidat”, a ainsi confirmé Christian Jacob ce lundi.

Même ligne pour Valérie Pécresse, laquelle met en avant la volonté du polémiste de faire le pont entre la droite et l’extrême droite pour expliquer qu’il n’a pas sa place dans le processus interne. “Il y a une ligne rouge intangible fixée par Les Républicains et la droite: nous n’acceptons, nous ne faisons pas d’alliances avec l’extrême droite. Et quand on veut les faire, on n’appartient pas à la famille de la droite et du centre”, a ainsi fait valoir la candidate qui espère représenter son camp en 2022, lundi sur BFMTV, jugeant “abjectsles propos du polémiste tenus la veille sur le régime de Vichy.

Comme elle, plusieurs figures de la droite dite “modérée”, s’attachent à souligner les liens de l’essayiste de 63 ans avec l’extrême droite, pour mieux le discréditer. “Cela fait vingt ans qu’on tient bon avec Le Pen. Pourquoi est-ce que tout d’un coup on lâcherait avec Zemmour qui reprend exactement le même fil conducteur?”, s’est ainsi interrogé Jean-François Copé, lundi sur franceinfo.

Cela va-t-il durer?

Pour l’ancien patron de l’UMP, pas de doute, Éric Zemmour “utilise les ressorts de l’extrême droite”, dans sa pré-campagne. De quoi l’éloigner, pour de bon, du parti gaulliste? Pas sûr. La ligne de l’imperméabilité totale ne fait, en tout cas, pas l’unanimité chez Les Républicains.

Ainsi l’eurodéputé François-Xavier Bellamy -qui avait conduit le parti de droite aux dernières élections européennes, sous l’impulsion du patron de l’époque Laurent Wauquiez- explique “ne pas voir ce qui empêcherait” la participation du polémiste à la primaire interne.

Il faut “un dialogue le plus ouvert et le plus large pour pouvoir faire le choix le plus fort possible”, a-t-il justifié lundi sur Public Sénat, préférant laisser le choix du candidat “aux militants”. Avant lui, le député Éric Ciotti, candidat à l’investiture des Républicains, avait affirmé début septembre qu’il voterait en faveur du polémiste en cas de duel entre celui-ci et Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle. S’il n’est, semble-t-il, plus “chez lui” parmi les Républicains, Éric Zemmour n’en est pas si loin.

À voir également sur Le HuffPost: Le débat entre Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon crispe la gauche

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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