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Les efforts diplomatiques sans effet sur les combats au Haut-Karabakh

par Nvard Hovhannisyan et Nailia Bagirova

EREVAN/BAKOU (Reuters) - Les combats dans et autour du Haut-Karabakh se sont poursuivis jeudi entre l'Azerbaïdjan et les forces de cette enclave soutenue par l'Arménie malgré l'intensification des efforts diplomatiques pour tenter d'éviter un embrasement dans le Caucase avec une réunion prévue à Genève entre la France, la Russie et les Etats-Unis.

L'Azerbaïdjan a déclaré que la ville de Gandja avait été bombardée par les forces arméniennes aux premières heures de la journée de jeudi et qu'un civil avait été tué dans la région de Goranboy. D'autres villages ont été pris pour cibles par les forces du Haut-Karabakh, enclave séparatiste à majorité arménienne.

Les autorités azerbaïdjanaises avancent un bilan de 30 civils tués depuis la reprise du conflit, le 27 septembre.

L'Azerbaïdjan n'a fourni aucun bilan pour ses éventuelles pertes militaires tandis que les autorités du Haut-Karabakh font état de 350 morts dans les rangs de leurs forces et de 19 civils tués.

Ces dernières ont déclaré jeudi que la situation sur le terrain n'avait pas vraiment évolué durant la nuit, avec des tirs d'artillerie et de missiles dans certains secteurs et des bombardements à Stepanakert, le centre administratif de la région.

La France, les Etats-Unis et la Russie, qui coprésident le "groupe de Minsk" chargé depuis les années 1990 d'une médiation sur le Haut-Karabakh, espèrent convaincre les belligérants de conclure un accord de cessez-le-feu en vue de négocier une issue au conflit.

Le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Jeyhun Bayramov, est attendu à Genève pour des discussions avec ces trois pays médiateurs, alors que son homologue arménien, Zohrab Mnatsakanian, n'a pas prévu de venir.

Ce dernier devrait rencontrer des émissaires français, russes et américains lundi à Moscou.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré mercredi que l'objectif de Paris, Moscou et Washington était "d'arrêter immédiatement les hostilités sans conditionnalité et qu'on ouvre une négociation".

La crainte d'une internationalisation du conflit est nourrie par les liens de la Turquie avec l'Azerbaïdjan, Paris accusant même Ankara d'"implication militaire" au Haut-Karabakh, et par l'accord de défense entre la Russie et l'Arménie.

L'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) pourrait d'ailleurs intervenir si la souveraineté arménienne était menacée, a déclaré jeudi le chef de cette organisation de défense dirigée par la Russie cité par l'agence Interfax.

Selon Stanislas Zav, l'OTSC, qui regroupe l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan, ne voit pas d'un bon oeil l'interférence de la Turquie et d'autres pays dans le conflit qui oppose Erevan à Bakou depuis la fin septembre.

(Avec Margarita Antidze; version française Bertrand Boucey et Nicolas Delame, édité par Jean-Michel Bélot)