À 50 ans, il arbore toujours une silhouette de jeune homme. Il se met à l'aise en retirant d'emblée ses chaussures. "Je porte des chaussettes de running, j'en suis très satisfait", explique Edward Norton, très naturel pour évoquer Brooklyn Affairs, film qu'il a réalisé, écrit, produit et interprété : l'histoire d'un détective privé chargé de résoudre un meurtre dans les années 1950 à New York. Un rôle qui pourrait lui valoir une nouvelle nomination aux Oscars après Peur primale [1996], American History X [1998] et Birdman [2014].
Votre première réalisation, la comédie romantique Au nom d'Anna, date de 2000. Pourquoi avez-vous attendu si longtemps pour la seconde?
Parce que j'ai bataillé pendant des années pour obtenir le financement et le casting. Je me suis emparé du livre de Jonathan Lethem Motherless Brooklyn [1999] pour raconter l'histoire de mon grand-père James Rouse, un promoteur immobilier philanthrope et idéaliste qui a fondé la ville de Columbia, le symbole de la lutte contre la ségrégation raciale, religieuse et sociale. À la différence de son rival Robert Moses, qui a transformé radicalement New York en déplaçant les populations défavorisées en banlieue. J'en ai d'ailleurs fait le méchant de mon scénario! Mon grand-père, démocrate, a défendu avec ferveur ses valeurs, les mêmes que les vôtres : "Liberté, égalité et fraternité" [en français]. Mais derrière, il y a cupidité, soif de pouvoir et violence. Bref, j'ai tourné en quarante-six jours avec un budget serré...