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Edouard Philippe suspend la participation d'Horizon à la "maison commune"

Emmanuel Macron et Edouard Philippe lors de la Convention citoyenne pour le climat, 29 juin 2020. (Photo by CHRISTIAN HARTMANN/POOL/AFP via Getty Images) (Photo: CHRISTIAN HARTMANN via Getty Images)
Emmanuel Macron et Edouard Philippe lors de la Convention citoyenne pour le climat, 29 juin 2020. (Photo by CHRISTIAN HARTMANN/POOL/AFP via Getty Images) (Photo: CHRISTIAN HARTMANN via Getty Images)

POLITIQUE - Elle a mis du temps à être inaugurée et l’un des colocataires est déjà sur le départ. La “maison commune”, souhaitée par le président de la République pour lancer sa campagne et réunir en un mouvement, “Ensemble citoyens”, tous les partis politiques qui le soutiennent, a vu le jour officiellement le 29 novembre après des semaines de débats internes.

Un peu plus d’un mois plus tard, la tuyauterie semble sacrément encombrée. Dans Le Monde, vendredi 14 janvier, le plus proche fidèle d’Édouard Philippe, Gilles Boyer, actait en “on” la suspension du parti de l’ancien Premier ministre, “horizons”, à ce “grand rassemblement”.

Nous avons suspendu notre participation à la maison commune de la majorité.Gilles Boyer, proche d'Edouard Philippe

“Il était prévu que les fusions internes soient possibles. Si à la première occasion, on contrevient aux règles que l’on a fixées, cela veut dire qu’il n’y a plus de règles. Et donc, en conséquence, nous avons suspendu notre participation à la maison commune de la majorité”, expliquait le député européen, sans détour, au quotidien du soir.

En cause, le refus, par le président de la République lui-même selon plusieurs médias, de laisser le petit parti Agir, dirigé par le ministre Franck Riester, fusionner avec Horizons dont il est pourtant très proche. “Un rapprochement empêché, selon plusieurs participants aux négociations, par Emmanuel Macron lui-même”, écrivait ce dimanche 16 janvier le JDDdans un article sur les raisons de ce retrait temporaire. Quand Le Monde évoque “l’implication d’Emmanuel Macron” dans ce dossier, malgré les démentis officiels de l’entourage du président. “Je ne veux pas être ministre. Je ne veux pas aller à l’Assemblée. Je ne demande rien. Mais je n’ai pas envie qu’on m’emmerde, puisque c’est un terme à la mode”, a grincé ce lundi Édouard Philippe, cité par L’Opinion.

Questions de financement

Derrière ce petit épisode se cachent des réalités politiques importantes: en fusionnant avec Agir qui dispose d’un groupe à l’Assemblée, le parti de Philippe récupérait des financements publics utiles en politique. En la refusant, Emmanuel Macron tente de cornériser son ancien Premier ministre qui espère avoir un groupe politique le plus large possible à l’Assemblée après les législatives de 2022, et qui pourrait peser sur la politique menée par le président s’il est réélu.

Se cachent aussi des négociations qui s’annoncent clés: celles des investitures. Car l’objectif principal de la Maison commune était d’envoyer dans chaque circonscription un candidat ou une candidate de la majorité, fidèle à Emmanuel Macron. En suspendant sa participation à cet ovni politique qu’est “la maison commune”, Horizons peut, mais les choses peuvent encore évoluer en théorie, placer des candidats partout ou en tout cas face à d’autres, issus de la majorité.

Les législatives en ligne de mire

“C’est la succession à Emmanuel Macron qui se joue”, prédisait déjà en octobre un pilier du groupe LREM à l’Assemblée nationale, qui redoutait alors “une guerre à la Chirac-Giscard”, si le président est réélu. En quittant Matignon en 1976, Chirac fonde le RPR qui mènera une guerre sans merci au président en exercice, Valéry Giscard d’Estaing.

La comparaison est intéressante, car, comme leurs aînés, Philippe et Macron sont de la même génération, de la même trempe politique, ont de grandes ambitions, mais ont des styles et des visions du pouvoir bien différents. Des tensions ont déjà émaillé leur relation quand Philippe était à Matignon, notamment dans la lutte contre l’épidémie ou sur la réforme des retraites, mais elles ne sont jamais apparues au grand jour.

Depuis la rentrée, Édouard Philippe dit sa “loyauté” à l’égard du président de la République qu’il soutient officiellement pour 2022, mais ses prises de position pour l’obligation vaccinale ou la retraite à 67 ans ont pu agacer en Macronie. Loin des polémiques, l’ancien juppéiste trace sa route afin d’être le plus à même de récupérer la majorité pour se lancer en 2027. Ou avant si jamais Emmanuel Macron venait à renoncer à se représenter, ce qui ne semble pas au programme.

Ce samedi 15 janvier, à Niort, l’ex-chef du gouvernement a lancé 150 comités locaux de son parti “Horizons” et en prévoit une centaine d’autres avant la fin du mois de janvier. De quoi prévoir des ressources humaines pour d’éventuels candidats aux législatives.

À voir également sur Le HuffPost: Au Havre, Édouard Philippe se paye la “culture woke”

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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