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EDF alerte sur la remise en cause des projets d'éolien en mer

PARIS (Reuters) - Une remise en cause des projets français de parcs d'éoliennes en mer serait un mauvais signal envoyé aux investisseurs étrangers et risquerait de bloquer le développement de la filière industrielle, a estimé mardi Antoine Cahuzac, directeur exécutif d'EDF en charge des énergies renouvelables.

Le Sénat a rejeté mi-mars un amendement du gouvernement visant à renégocier voire annuler les résultats des appels d'offres pour développer des éoliennes au large des côtes françaises mais, selon Les Echos, l'exécutif souhaite toujours réduire le soutien public à ces projets au motif que les prix du secteur ont fortement baissé.

"Ce qui me gène dans cet amendement, c'est l'idée qu'on puisse avoir une mesure rétroactive sur des appels d'offres. Honnêtement, pour des investisseurs internationaux, pour des partenaires étrangers qui viendraient travailler en France, cette idée n'est quand même pas très agréable", a dit Antoine Cahuzac en marge d'une conférence de presse sur le stockage.

"En Espagne, où il y a eu des mesures rétroactives sur des parcs éoliens (...), il y a eu trois ou quatre ans où il ne s'est pratiquement rien passé. Plus personne ne voulait y mettre les pieds, plus une banque ne voulait financer. Est-ce qu'on est prêts à prendre ce risque ?", a-t-il ajouté.

EDF a été retenu en 2012 pour construire les trois parcs d'éoliennes en mer de Fécamp (Seine-Maritime), Courseulles-sur-mer (Calvados) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), d'une puissance cumulée d'environ 1.400 mégawatts (MW).

La France a attribué au total six parcs d'éoliennes en mer en 2012 et 2014, pour une puissance cumulée d'environ 3.000 MW, avec des tarifs de rachat garantis sur 20 ans représentant, selon des estimations de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) publiées en juillet dernier, des charges de 40,7 milliards d'euros.

Antoine Cahuzac conteste vivement le chiffrage de la CRE, qu'il dit ne pas comprendre, évoquant pour sa part une subvention globale de 12 à 14 milliards d'euros pour les projets français.

"Les prix des parcs en France sont parfaitement cohérents avec ceux des parcs qui se construisent en ce moment à l'international", selon Antoine Cahuzac.

"(Si) on arrête tout et qu'on change les turbines, on se prend quatre ans, entre la durée de développement, les analyses et les études environnementales. Donc, ça veut dire qu'on n'est pas en état de prendre une décision d'investir avant 2022, que le parc ne démarre pas avant 2025, et qu'il n'y a pas de filière industrielle."

Antoine Cahuzac a également déclaré qu'EDF avait accepté l'an dernier que "tout surcroît de rentabilité" par rapport à ce qui avait été accepté en 2012 soit "partagé avec l'Etat", un aménagement qu'il suffirait désormais d'officialiser.

(Benjamin Mallet, édité par Dominique Rodriguez)