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Dublin fustige la décision britannique sur l'Irlande du Nord

DUBLIN FUSTIGE LA DÉCISION BRITANNIQUE SUR L'IRLANDE DU NORD

DUBLIN (Reuters) - La décision du gouvernement britannique de modifier certaines clauses du protocole conclu avec l'Union européenne sur l'Irlande du Nord sans concertation avec Bruxelles n'est pas digne d'un "pays respectable", a estimé jeudi le vice-Premier ministre irlandais Leo Varadkar.

Londres a prolongé unilatéralement mercredi jusqu'au 1er octobre une "période de grâce" sur les contrôles douaniers effectués sur certains produits agroalimentaires échangés entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni, qui devait expirer fin mars. La Commission européenne a vivement condamné cette décision qui viole selon elle les termes de l'accord de divorce entre Londres et Bruxelles.

"Pour la deuxième fois en quelques mois, le gouvernement britannique menace d'enfreindre le droit international", a déclaré Leo Varadkar à la chaîne Virgin Media, par allusion à une autre décision unilatérale similaire à laquelle le gouvernement de Boris Johnson avait finalement renoncé l'année dernière.

"Ce n'est pas un comportement digne d'un pays respectable, très honnêtement", a ajouté l'ancien Premier ministre.

Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a relevé que l'Union européenne pensera probablement une nouvelle fois que la Grande-Bretagne est un partenaire commercial en lequel elle ne peut "tout simplement pas faire confiance".

Il a ajouté que cette décision unilatérale allait compliquer les efforts déployés par Dublin pour convaincre Bruxelles de la nécessité de modifier certains aspects du protocole nord-irlandais.

Le protocole prévoit que l'Irlande du Nord reste alignée sur un ensemble limité de règles de l'UE, notamment pour ce qui est des marchandises, et que le code des douanes de l'Union s'applique à toutes les marchandises entrant en Irlande du Nord, afin d'éviter le rétablissement d'une frontière physique entre la province britannique et la République d'Irlande.

Les vérifications et contrôles nécessaires sur les marchandises entrant en Irlande du Nord doivent avoir lieu à partir du reste du Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l'Union européenne le 1er janvier dernier.

Simon Coveney a noté que la décision britannique avait été annoncée avant même que David Frost, ministre désormais chargé de superviser les relations avec l'UE, "n'ait parlé en détail (au vice-président de la Commission) Maros Sefcovic de son nouveau rôle". "Dire que c'est un manque de respect est un euphémisme", a-t-il ajouté.

"Le vice-président Sefcovic montre une réelle volonté d'essayer de résoudre les problèmes liés au protocole et de défendre ses arguments devant la Commission, le Parlement et le Conseil européens, et il avançait sur ce dossier. Le fait que le gouvernement britannique sape ses efforts de cette façon n'est vraiment d'aucun secours", a estimé le chef de la diplomatie irlandaise.

(Padraic Halpin; version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Jean-Michel Bélot)