Droits TV de la Ligue 1: Diallo craint des dépôts de bilan en cas de scénario catastrophe
Parmi les leviers à la disposition des clubs pour établir des budgets, celui des droits TV est sans doute le plus important. D’ordinaire le plus sûr, il plonge les clubs dans l’incertitude la plus totale cette année. A deux mois de la reprise, la Ligue de football professionnel n’a toujours pas de diffuseurs. Et même si elle étudie toutes les options pour sortir de l’impasse, alors que les discussions entre beIN Sports et Canal+ piétinent, un scénario du pire se profile, loin du milliard promis avec l’arrivée de CVC.
Les clubs ne savent toujours pas sur quel montant ils pourront s’appuyer pour construire leur équipe en vue de la saison prochaine, mais s’il devait être limité à hauteur de 500 millions pour les droits domestiques, les perspectives seraient sombres pour un certain nombre de clubs, qui auraient à se partager un butin encore inférieur une fois les différents frais retirés (taxe Buffet, taxe CVC, subventions...).
"Nous ne sommes pas sortis des difficultés", a reconnu le président de la Fédération française de football (FFF) Philippe Diallo qui était auditionné ce mercredi par la commission de la culture, de l'éducation de la communication et du sport du Sénat, sur la financiarisation du football, et notamment l’arrivée de CVC.
Diallo vole au secours de Labrune
"Je pense qu’il faudra attendre l’issue de l’actuel appel d’offres sur les droits TV pour voir dans quelle situation se trouvent nos clubs. Nous avons eu deux années où les clubs ont bénéficié de l’apport de CVC. C’est désormais terminé", a-t-il expliqué. "Un montant de droits qui ne serait pas en ligne avec les estimations qui ont pu être faites par la Ligue plongerait un certain nombre de nos clubs dans de grandes difficultés. Si l'atterrissage de l‘appel d‘offres actuel n’était pas celui qu'on attend, bien évidemment que nous serions confrontés à des difficultés financières très importantes qui pourraient peut-être amener certains à envisager des dépôts de bilan. Mais nous n’en sommes pas là."
Après avoir annoncé le milliard en 2023, le président de la LFP Vincent Labrune se contenterait de 500 millions. Une ambition revue à la baisse qui s’expliquerait par la réalité du marché. Labrune aurait tenu ses propos devant le comité exécutif de la 3F, tout en rappelant qu’il n’avait pas renoncé à sortir par le haut de cette crise en trouvant un accord plus intéressant pour le football français.
"Ses propos n’ont peut-être pas été très bien compris, ou peut-être pas très bien relayés", l’a défendu Philippe Diallo. "Il me semble qu’il a indiqué que ces 500 millions qui ont été relayés par la presse, sont la valorisation faite par un certain nombre de diffuseurs. Et l’un des principaux est Canal +, qui a donné cette valorisation. Mais que ce n’est pas l’objectif de la Ligue, qui a fixé d’autres objectifs plus importants. Les 500 millions qui sont évoqués là, d’autres diffuseurs, il y a déjà plusieurs mois, ont offert cette somme-là qui a été refusée à l’époque par la Ligue. L’objectif de la Ligue est plus important. Simplement, c’est la traduction aujourd’hui de diffuseurs qui estiment que le championnat est dans ce niveau de valorisation. Les droits sont d’abord faits par le marché, la concurrence fait la valeur. Il fut une époque où le football n’était même pas diffusé à la télé."