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Journée mondiale du droit à l'avortement : il faut arrêter d'appeler les anti-ivg des "pro-vie"

Plusieurs milliers de personnes défilent, le 22 janvier 2006 à Paris, pour réclamer l'abrogation de la loi Veil du 17 janvier 1975 légalisant linterruption volontaire de grossesse (IVG). AFP PHOTO JEAN-PIERRE MULLER (Photo by JEAN-PIERRE MULLER / AFP) (Photo by JEAN-PIERRE MULLER/AFP via Getty Images)
(Photo by JEAN-PIERRE MULLER/AFP via Getty Images)

1975 est une année qui reste dans les mémoires de toutes les femmes. C'est l'année durant laquelle, après des années de combats et de luttes, l'avortement a enfin été dépénalisé. Le droit à l'IVG a 45 ans, mais il ne se passe pourtant pas une année sans qu'il ne soit remis en question par des personnes qui se qualifient de "pro-vie". Un terme dangereux, qui efface totalement les risques pris par les femmes enceintes, en particulier dans les situations où elles ne peuvent pas mettre un terme à leur grossesse.

Ils s'appellent les "pro-life" dans les pays anglo-saxons, les "pro-vie" dans les pays francophones, mais derrière ce terme se cachent des personnes qui luttent pour priver les femmes d'un de leurs droits fondamentaux : celui de disposer de leur corps comme elles l'entendent. Ceux et celles qui font partie de ce mouvement ont un cheval de bataille depuis les années 70, époque où l'avortement a été dépénalisé : faire interdire les interruptions volontaires de grossesse, qu'ils considèrent ni plus ni moins comme un assassinat.

L'histoire d'un mouvement contre l'avortement

Le mouvement pro-vie français a été créé en 1971, lors de l'ouverture du débat sur l'avortement, même s'il ne concerne pas que ce sujet. Parmi leurs revendications, on retrouve également l'interdiction de l'euthanasie, le contrôle des naissances, et même parfois la lutte contre la contraception. Toutefois, en France, en tout cas, il concerne principalement la lutte contre le droit à l'IVG, s'opposant aux "pro-choix", qui militent pour que les personnes concernées puissent déterminer si elles souhaitent mener à terme une grossesse, ou non. Le terme "pro-vie" provient du choix de "privilégier la vie à la mort", l'avortement volontaire étant considéré comme un acte s'opposant à la vie d'un enfant. Ce mouvement se base sur des chiffres : une grossesse sur cinq se solde par une interruption volontaire de grossesse. En effet, selon l'Insee et de la DREES, en 2019, il y a eu 232 200 IVG (soit le niveau le plus élevé depuis 30 ans) contre 753 000 naissances en France, soit un léger recul du taux de natalité."

En théorie, chacun peut penser ce qu'il souhaite de l'avortement. Libre à celles et ceux qui y sont opposés de mener à terme leurs grossesses, même non-désirées. Là où les choses sont plus insidieuses, c'est que ce mouvement fait également tout pour mettre des bâtons dans les roues aux personnes qui souhaitent user de leur droit à une IVG. Propagande en ligne grâce à des sites à l'aspect officiel – désormais moins visibles, grâce au délit d'entrave à l'IVG – usant d'un vocabulaire culpabilisant et de désinformation, mais aussi des manifestations, ou encore des actions devant les centres de planning familial ou les établissements médicaux pratiquants des interruptions volontaires de grossesse. En 1995, un manifestant du nom de Xavier Dor a même fait irruption dans une salle d'opération, pendant une intervention, mettant ainsi en danger la vie de la patiente sur la table d'opération.

Un terme basé sur une fausse conception

Aujourd'hui, les féministes rejettent de plus en plus le terme "pro-vie" pour parler de ces militants anti-avortement, car pour elles, interdire les IVG, c'est mettre la santé des femmes en danger. Les "pro-vie" avancent que le fait de mettre un terme à une grossesse peut entraîner des dépressions, un risque de stérilité ou encore plus de chances de développer un cancer du sein. Des affirmations qui n'ont jamais été prouvées médicalement, bien au contraire : des études affirment que 95% des femmes ayant eu recours à un avortement n'ont pas regretté leur choix, même des années plus tard.

En revanche, il existe des preuves chiffrées qui démontrent que la pénalisation de l'avortement peut entraîner de nombreux décès chez les femmes qui attendent un enfant. Rendre l'avortement illégal, cela veut dire se tourner vers des solutions alternatives pour mettre fin à une grossesse. La preuve avec le cas du Texas, état très conservateur des États-Unis, et qui a vu son taux de mortalité maternelle plus que doubler entre 2010 et 2014 lorsque les autorités ont pris la décision de fermer plus de la moitié des cliniques pratiquant ces actes médicaux, et de couper les fonds du planning familial. L'OMS précise que, chaque année, 4,7% à 13,2% des décès maternels peuvent être attribués à un avortement non sécurisé. Des vies perdues par des personnes qui ont préféré prendre un risque et braver la loi, plutôt que de mener à terme une grossesse qu'elles ne pouvaient pas, ou ne voulaient pas assumer.

Vient alors la question de savoir quelle est la vie à privilégier : celle de la mère, confrontée à une grossesse non-désirée, qui peut avoir des conséquences sur sa vie, sa carrière et sa santé, ou celle d'un fœtus qui n’est pas encore né ? En médecine, par exemple, les soignants priorisent généralement la vie de la mère au détriment de celle du fœtus, en cas de problème. Peut-on vraiment se qualifier de "pro-vie" en mettant sciemment la vie des personnes qui auraient préféré se faire avorter dans des conditions sécuritaires ? Difficile à croire.

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