Drogue : pour Raphaël Glucksmann "la chasse aux fumeurs de joints n'est pas la solution"

"Le coeur du système, ce n'est pas le consommateur", selon Raphaël Glucksmann, qui pointe le rôle des "narcotrafiquants".

Pour lutter contre le trafic de drogue, qui a fait plusieurs victimes ces dernières semaines, "envoyer la police faire la chasse aux fumeurs de joints", comme le préconise le RN, "n'est pas la solution", a estimé ce lundi 4 novembre Raphaël Glucksmann. Une fois n'est pas coutume, le député européen est rejoint sur ce point par La France insoumise.

"Ça va surcharger les forces de police et à la fin, on ne les aura pas pour se focaliser sur les criminels, les gangs, les mafias", a estimé le leader de Place publique sur RTL. Le député européen s'est dit opposé à la proposition du député RN Jean-Philippe Tanguy d'appliquer des "courtes peines" de prison aux consommateurs de drogue.

"Il y a bien sûr un problème de consommation immense. Mais quand vous avez une loi qui n'est pas respectée par cinq millions de Français, vous devez faire en sorte que la police soit focalisée sur le vrai problème", a-t-il argumenté.

"Le vrai problème, ce sont ces narcotrafiquants, ce sont ces mafias" qu'"il faut démanteler" et "frapper fort", y compris "modifier l'organisation de notre système répressif pour pouvoir être efficace", a-t-il plaidé.

"Le coeur du système, ce n'est pas le consommateur", a insisté Raphaël Glucksmann, qui a reconnu avoir fumé du cannabis quand il était jeune et s'est dit "tout à fait conscient des risques liés à la consommation de cannabis".

De son côté, le coordinateur politique de La France insoumise, Manuel Bompard, a regretté sur Public Sénat les "effets de manche", les "discours de plus en plus provocateurs" du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau concernant le trafic de drogue et ses conséquences sécuritaires. Ce dernier a évoqué vendredi une "mexicanisation" de la France.

"La situation en France est suffisamment grave et suffisamment délicate pour agir concrètement sur le sujet et pour éviter ces formules à l'emporte-pièce", s'est indigné le député de Marseille, rappelant que le taux d'homicide était "vingt fois plus" important au Mexique qu'en France.

Il a défendu le "développement et le renforcement de la police judiciaire", menacé selon lui par la réforme en cours. La création sous le gouvernement précédent des amendes forfaitaires contre les consommateurs "n'a aucun résultat", de même selon lui que les "opérations place nette" organisées à grand renfort de communication.

"Quarante ans de politique qui a été faite justement sur les consommateurs, qui fait qu'aujourd'hui seulement 10% des affaires en justice concernent les réseaux et les trafiquants, mènent à une politique où, à la fin, la France est le pays qui en Europe consomme le plus de drogues", a constaté également la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot sur France 2.

"C'est un échec patenté", a-t-elle insisté, réclamant "des moyens pour la police judiciaire", pour "pouvoir démanteler les réseaux, pour aller chercher l'argent sale qui n'est pas au Mexique mais dans les paradis fiscaux bien souvent".

Article original publié sur BFMTV.com