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Draghi évoque l'hypothèse d'un plan élargi de rachats d'actifs

La BCE pourrait s'engager dans un programme d'assouplissement quantitatif portant sur une large gamme d'actifs si les perspectives d'inflation dans la zone euro se dégradaient, a déclaré jeudi son président Mario Draghi. /Photo prise le 26 mars 2014/REUTERS/Charles Platiau

par Thomas Escritt

AMSTERDAM/FRANCFORT (Reuters) - Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a précisé jeudi qu'un programme d'assouplissement quantitatif portant sur une large gamme d'actifs pourrait être lancé si les perspectives d'inflation dans la zone euro se dégradaient, mettant l'accent sur le rôle d'une appréciation de l'euro comme catalyseur.

Le niveau des liquidités excédentaires des banques de la zone euro est par ailleurs tombé à un plus bas de deux ans et demi, entraînant une tension sur les taux à court terme et renforçant la pression en faveur d'un nouvel assouplissement de la politique monétaire.

Soulignant que la BCE prévoyait le maintien d'une inflation faible pendant une période prolongée avant qu'elle ne remonte, Mario Draghi a évoqué trois scénarios susceptibles de conduire l'institution à passer à l'action.

Une détérioration des perspectives d'inflation à moyen terme "constituerait un contexte propice à un programme d'achats d'actifs large", a-t-il dit selon le texte d'un discours qu'il devait prononcer à Amsterdam.

Mario Draghi a également déclaré que "le taux de change est un facteur de plus en plus important de notre évaluation des perspectives de stabilité des prix".

Une hausse de l'euro entraînerait - toutes choses égales par ailleurs - un resserrement des conditions monétaires ayant un impact baissier sur l'inflation, avec des conséquences préjudiciables pour la reprise économique de la zone euro. "Dans ce cas, il faudrait prendre des mesures", a dit Draghi.

L'euro est revenu à 1,3815 dollar après la publication des propos du banquier central, contre 1,3835 un peu auparavant.

L'inflation dans la zone euro est tombée à 0,5% en rythme annuel, bien loin de l'objectif de la BCE qui est d'un peu moins de 2% à moyen terme.

TENSIONS "INJUSTIFIÉES"

La BCE pourrait aussi répliquer à des "tensions injustifiées" sur le marché monétaire par une variété de mesures, a poursuivi Mario Draghi, évoquant un "resserrement supplémentaire de la fourchette des taux d'intérêt incluant un taux de dépôt négatif", ou encore une prolongation au-delà de la date prévue, soit juillet 2015, d

es procédures d'allocation aux banques de liquidités à taux fixe et en quantité illimitée.Le niveau des liquidités excédentaires, soit le montant de monnaie banque centrale détenue par les banques en sus de leurs besoins de financement au jour le jour, est repassé jeudi sous le seuil de 100 milliards d'euros, pour la première fois depuis septembre 2011, à 92,937 milliards.

Son précédent passage sous le seuil des 100 milliards avait été suivi par l'annonce par la BCE d'une première opération de refinancement à long terme sans restriction de montant.

Enfin, si la transmission de la politique monétaire de la BCE se détériorait, la banque centrale pourrait réagir par "une opération de refinancement à plus long terme visant à encourager le crédit bancaire ou par un programme d'achat d'ABS", soit des titres adossés à des actifs, a précisé Mario Draghi.

(Avec Paul Carrel, John Geddie et Eva Taylor, Marc Angrand et Marc Joanny pour le service français)