Draghi veut renforcer la zone euro contre les forces illibérales

Le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a appelé de ses voeux, samedi, des réformes en profondeur de la zone euro afin de préserver le "projet européen" face à l'expansion d'une idéologie illibérale. /Photo prise le 13 décembre 2018/REUTERS/Kai Pfaffenbach

PISE, Italie (Reuters) - Le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a appelé de ses voeux, samedi, des réformes en profondeur de la zone euro afin de préserver le "projet européen" face à l'expansion d'une idéologie illibérale.

"La fascination se répand pour des solutions et des régimes illibéraux. Nous voyons l'Histoire reculer de quelques pas", a estimé le responsable italien lors d'un discours prononcé à l'école supérieure Saint-Anne de Pise, où il recevait un doctorat honoris causa en économie.

"C'est uniquement en continuant à progresser, en libérant les énergies individuelles mais aussi en encourageant l'équité sociale que nous sauverons (le projet européen)", a-t-il ajouté.

Le concept de démocratie illibérale est revendiqué par des dirigeants comme le Premier ministre hongrois Viktor Orban. S'appuyant sur la volonté du peuple souverain par le biais d'élections, il entend s'opposer aux principes fondateurs de la démocratie libérale tels que l'indépendance de la justice, la liberté d'expression ou la séparation des pouvoirs.

A Pise, Mario Draghi a préconisé des réformes ambitieuses pour la zone euro passant par un renforcement du partage du risque privé, l'achèvement de l'union bancaire et de l'union des marchés de capitaux et la mise en place de filets de sécurité pour protéger les pays membres les plus faibles en cas de tensions sur les marchés financiers.

Lors du dernier Conseil européen, jeudi et vendredi, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont progressé dans le sens d'une plus grande intégration de la zone euro pour prévenir de futures crises mais des dossiers importants, à commencer par l'idée d'un budget de la zone euro, ont été renvoyés à plus tard.

(Silvia Ognibene; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)