Draghi et Trump rassurent, les actions prospèrent

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé jeudi en nette hausse, rassurées par le ton relativement accommodant adopté par Mario Draghi sur les intentions de la Banque centrale européenne (BCE) mais aussi par la promesse faite par Donald Trump de faire preuve de souplesse sur le front des tarifs douaniers.

A Paris, le CAC 40 a pris 1,28% à 5.254,1 points, sa plus forte hausse en pourcentage sur une séance depuis le 7 février (+1,82%).

Le Footsie britannique a gagné 0,63% et le Dax allemand 0,9%.

L'indice EuroStoxx 50 a progressé de 1,06%, le FTSEurofirst 300 de 1,03% et le Stoxx 600 de 1,05%.

A l'heure de la clôture en Europe, Wall Street monte mais plus modérément, freinée par la hausse du dollar, qui prend 0,51% face à un panier de devises de référence. L'euro, lui, perd 0,75% à 1,2319 dollar, un recul qui a favorisé les valeurs exportatrices de la zone euro.

L'indice Dow Jones gagne 0,12%, le Standard & Poor's 500 0,02% et le Nasdaq Composite 0,18%.

Le président américain doit présider peu avant la clôture à New York une réunion consacrée à la hausse des tarifs douaniers sur les importations d'acier et d'aluminium qu'il appelle de ses voeux. Dans des messages publiés sur Twitter, il a ouvert la porte à une certaine "flexibilité" envers les alliés des Etats-Unis.

"Impatient d'être à la réunion de 15h30 (20h30 GMT, NDLR) aujourd'hui à la Maison blanche", a écrit le président américain.

"Nous devons protéger et construire notre industrie de l'acier et de l'aluminium tout en faisant preuve en même temps d'une grande flexibilité et de coopération envers ceux qui sont nos vrais amis et qui nous traitent équitablement dans le domaine commercial et militaire", a-t-il ajouté.

LA BCE FAIT UN PETIT PAS

Autre événement de la journée, la réunion de la BCE, qui a confirmé sa politique monétaire ultra-accommodante mais a renoncé à son engagement à augmenter si nécessaire le montant mensuel de ses rachats d'actifs (QE), se rapprochant ainsi très légèrement d'un arrêt de cette mesure non conventionnelle.

Pendant sa conférence de presse, le président de la BCE, Mario Draghi, a déclaré que la décision de l'institut d'émission n'indiquait pas de changement dans les anticipations et que sa politique monétaire continuerait d'être réactive.

Ses propos ont fait grimper les Bourses européennes et les contrats à terme sur les indices new-yorkais tandis que l'euro se retournait à la baisse et que les rendements des emprunts d'Etat de la zone euro effaçaient leurs gains.

Mario Draghi a annoncé en outre un modeste relèvement des prévisions de croissance de l'économie de la zone euro à 2,4% en 2018 contre 2,3% précédemment. Les prévisions de la BCE pour 2019 et 2020 sont inchangées à 1,9% et 1,7% respectivement. Du côté de l'inflation, elle prévoit une hausse des prix de 1,4% cette année et l'an prochain puis de 1,7% en 2020.

"Cette réunion ne devait pas être particulièrement surprenante mais les nuances apportées aux propos concernant les rachats d'actifs étaient clairement attendues", commente Antoine Lesné, directeur de la stratégie et de la recherche pour les ETF de State Street dans la région EMEA.

"La faiblesse générale de l'inflation continue de justifier prudence et patience dans l'approche adoptée, alors que les prévisions des experts de la BCE sont revues légèrement à la hausse", ajoute-t-il. "La prise en considération du recul des risques à la baisse devrait signifier que la normalisation de la politique monétaire se met graduellement en place."

CASINO PERD, ENGIE BRILLE

Aux valeurs en Bourse, le Dax a longtemps été pénalisé par le recul de Merck KGaA dont les prévisions de résultats souffrent de la concurrence chinoise dans les cristaux liquides et d'une hausse des coûts. Le titre a fini en baisse de 4,24%.

A Amsterdam, le titre Boskalis a plongé de 10,79%, la plus forte baisse du Stoxx 600, après un avertissement par le groupe néerlandais de services maritimes sur son résultat annuel.

A Paris, Casino a cédé 3,66%, ses résultats annuels et ses prévisions étant jugés peu lisibles, occultant la promesse d'une hausse de plus de 10% du résultat opérationnel courant cette année.

La plus forte baisse du SBF 120 est pour Air France-KLM qui a perdu 4,51%, des analystes évoquant le nouvel appel à la grève lancé pour le 23 mars par l'intersyndicale de la compagnie.

Au sein du CAC 40, la plus forte progression est pour STMicroelectronics, qui a poursuivi sa remontée avec un gain de 4,46%. Juste derrière vient Engie, qui a pris 3,84% après des résultats 2017 marqués par un retour de la croissance organique et le relèvement de sa prévision de dividende pour 2018, le groupe ayant quasiment bouclé son plan de transformation sur la période 2016-2018, avec un an d'avance.

(Édité par Bertrand Boucey)