Douceur automnale persistante : des gelées de plus en plus tardives qui se confirment cette année
À l'image de cet automne 2024, les saisons automnales douces se multiplient en France, repoussant les premières gelées et marquant une tendance vers des hivers de moins en moins froids, conséquence du changement climatique global.
Alors que ce mois de novembre 2024 se poursuit dans la douceur, avec des anomalies thermiques en altitude parfois proches des +10°C, les gelées restent pour le moment inexistantes sur l'hexagone. Une tendance qui s'est souvent répétée sur ces dernières années, avec des gelées en même temps plus tardives l'automne et moins nombreuses.
Une douceur remarquable en automne ces dernières années, avec des premières gelées tardives
L'année dernière en 2023, les premières vraies gelées ont été très tardives, avec une première matinée de gel généralisé le 23 novembre. En général, si le risque de gel est en général limité aux abords des reliefs avant la mi-octobre, celui-ci s'étend et gagne les plaines du nord et de l'est en dernière décade d'octobre. Les premières gelées s'observent plutôt début novembre dans l'ouest (vers la fin du mois en allant vers les côtes et en décembre en Méditerranée).
En moyenne, si l'on prend comme référence la normale climatique actuelle (1991-2020), on compte environ deux jours de gel à Paris au cours de l'automne. Dans le nord-est, la moyenne est située autour de 7 à 10 jours de gel plutôt. Bordeaux et Toulouse n'en comptent généralement que 2 et 3 respectivement.
Les gelées tardives se sont souvent répétées ces dernières années en automne, notamment en 2023 ou en 2022. Cela a eu des conséquences sur la végétation, puisque celle-ci n'était pas encore en « dormance », c'est-à-dire que le métabolisme est ralenti pour résister à l'hiver et aux gelées. Les premières gelées peuvent donc être destructrices pour la plante si celle-ci n'y a pas été préparée.
Une tendance à des gelées moins nombreuses durant toute la saison hivernale
Si les gelées sont de plus en plus tardives durant l'automne, même en saison hivernale, on observe une diminution drastique du nombre de jours de gel (quand la température minimale est inférieure à 0°C). Les derniers hivers ont en effet été particulièrement doux en France, avec très peu de vagues de froid et peu de neige en plaine.
Globalement, on observe une diminution des gelées sur l'ensemble du pays durant l'hiver. Selon les régions, cette diminution se situe autour de -15 et -30% entre la période 1961-1990 et la période actuelle (1991-2020). La moyenne du nombre de jours de gel par an est d'ailleurs passé de 36 à 26 entre ces deux périodes, soit un écart de -28%.
À Toulouse (33) par exemple, la disparité annuelle est forte, avec encore des hivers très gélifs après 2000 comme en 2005 avec 60 jours de gel observés. À l'inverse, l'hiver 2008 n'a compté que 15 jours de gel. La tendance globale est à la baisse depuis 1959.
Autre exemple, Strasbourg (67) en plaine alsacienne, doté d'un climat plus continental. Le nombre de jours de gel est bien évidemment beaucoup plus élevé qu'à Toulouse, avec en général des premières gelées aux alentours de mi-octobre. Ici, la tendance est plus constante, avec moins de disparités. La baisse du nombre de jours de gel est plus progressive dans le temps.
Les gelées continueront d'être moins fréquentes à l'avenir ?
Si l'on suit la tendance générale, le nombre de jours de gel pourrait continuer de diminuer sur l'ensemble du territoire métropolitain. Dans le contexte du changement climatique lié aux activités humaines, les projections climatiques montrent une baisse significative du nombre de jours de gel d'ici à la fin du XXIe siècle. D'après les dernières simulations du GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat), plusieurs scénarios (RCP) sont évoqués concernant la baisse du nombre de gelées en France métropolitaine.
À l'horizon 2071-2100, la baisse serait de l'ordre de 21 jours en plaine par rapport à la période 1976-2005 selon le scénario d'émissions modérées (RCP4.5) et de 33 jours selon le scénario de fortes émissions (RCP8.5).
Cependant, notons que cette diminution restera assez variable selon la région. En Bretagne, par exemple, région côtière peu gélive, la baisse serait de l'ordre de 11 jours en plaine par rapport à la période 1976-2005 selon le scénario d'émissions modérées (RCP4.5) et de 18 jours selon le scénario de fortes émissions (RCP8.5). En revanche, dans le sud-est, la baisse serait de l'ordre de 30 jours en plaine en comparaison à la période 1976-2005 selon le scénario d'émissions modérées (RCP4.5) et de 53 jours selon le scénario de fortes émissions (RCP8.5).
Malgré cette évolution, les gelées continueront de subsister malgré un risque devenant de plus en plus faible dans les années futures.