#Doublepeine : des féministes dénoncent l’accueil des victimes dans les commissariats

Des féministes dénoncent l’accueil des victimes de viol dans les commissariats - Getty Images/iStockphoto

Depuis ce mardi 28 septembre, de nombreux témoignages émergent à propos de l’accueil réservé aux victimes d’agressions sexuels dans les commissariats français. Regroupés sous le hashtag #Doublepeine, ils visent à faire bouger un système d’oppression bien ancré dans les habitudes.

"Au commissariat central de Montpellier, on demande aux victimes de viol si elles ont joui.” Ainsi a commencé la polémique, avec une série de tweets de l’activiste Anna Toumazoff dénonçant l’accueil des victimes d’agression sexuelle dans le commissariat de la capitale de l’Héraut. Comme le rapportent plusieurs médias dont France Inter et L’Obs, la mayonnaise prend vite : près de 4500 retweets et plus de 5000 likes. Mais surtout, les témoignages similaires affluent de toute la France, à croire que le phénomène ne se limite pas à la ville de Montpellier.

"Y a 3-4 ans je vais au commissariat de Lille pour signaler que mon voisin bat sa femme. On me répond avec des rires gras 'vous savez pas, peut-être qu'elle l'a mérité'"

Soutenus par des associations féministes comme #NousToutes et des personnalités du monde du journalisme et du militantisme comme Constance Villanova, ces témoignages sont regroupés sous le hashtag #Double peine. Et ils ont de quoi choquer. “En voulant aller poser une main courante pour agression sexuelle, la policière m’a demandé pourquoi j’avais fait dormir chez moi l’ami qui m’a agressé et m’a certifié "qu’un homme ça reste un homme", comme si c’était une évidence., raconte une anonyme. “Allez je sors du silence twitter pour relayer mon histoire. Y a 3-4 ans je vais au commissariat de Lille pour signaler que mon voisin bat sa femme. On me répond avec des rires gras 'vous savez pas, peut-être qu'elle l'a mérité'. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue.”, confie une autre. "J'ai accompagné une pote arabe qui voulait porter plainte contre son ex qui menaçait de venir chez elle pour la violer. Ils lui ont répondu que c'était sans doute parce qu'elle avait perdu sa virginité et que n'assumant pas, elle accusait le gars...”, écrit une troisième. Et ce ne sont que quelques exemples.

Une violente réaction de la police

Cette dénonciation massive des comportements policiers n’a pas manqué de faire réagir. Plutôt que de choisir de soutenir les victimes, la préfecture de l'Hérault a ainsi fait le choix de condamner cette action. Dans un communiqué de presse, elle évoque en effet des “propos diffamatoires”, de “fausses informations et mensonges qui ont pour seul objectif de discréditer l’action des forces de sécurité intérieure dans leur lutte quotidienne contre les violences sexuelles desservent la cause des femmes victimes”.

Même son de cloche du côté de la police du département. ​​”Des propos sur le commissariat de #Montpellier circulent actuellement sur Twitter. Ils ne reflètent aucunement la réalité. #Protéger les victimes est notre métier. En 2021,la cellule spécialisée dans les affaires de viol a traité 282 plaintes, 83 personnes ont été placées en GAV”, se défend l’institution dans un tweet.

Mais les forces de l’ordre ne sont pas les seules à avancer des chiffres. Selon le collectif #NousToutes, 6 femmes sur 10 seraient mal accueillies lors de leur dépôt de plainte.

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