Dormez-vous ? Quand la presse étrangère évoque une épidémie d’insomnie
Un “supplice”, selon le Süddeutsche Zeitung Magazin, qui leur a consacré récemment sa une. Une épidémie, selon l’Organisation mondiale de la santé, citée dans l’article de Falter qui ouvre notre dossier cette semaine. De quoi parlons-nous ? Des insomnies.
Le sujet pourrait paraître futile en une de Courrier international, où la géopolitique occupe souvent une place centrale. Il n’en est rien. Le monde se raconte également à travers des questions de société, des problèmes culturels, des signaux dits “faibles” dans l’actualité, qui sont moins visibles qu’une guerre ou une élection, certes, mais sont tout aussi importants et traduisent aussi bien les tendances et les évolutions de fond.
“Depuis toujours, le sommeil et l’importance que nous lui accordons sont révélateurs de l’époque et de la société dans laquelle nous vivons”, écrit Katharina Kropshofer dans l’enquête très documentée que publie le magazine autrichien. La journaliste a interviewé des insomniaques, des coachs du sommeil et des scientifiques spécialistes des troubles du sommeil, selon lesquels les alertes se multiplient.
“Deux tiers des adultes vivant dans les pays du Nord ne dorment pas suffisamment, c’est-à-dire au moins huit heures par jour.”
Comment l’expliquer ? Quelles conséquences sur le quotidien des insomniaques ? Pourquoi certains dorment-ils très facilement quand d’autres mettent des heures à trouver le sommeil ? Sommes-nous tous égaux à l’heure d’aller dormir ? Depuis quelques mois, les articles se multiplient dans la presse étrangère sur le sujet. Nous en avons réuni ici plusieurs qui interrogent tous, d’une certaine façon, nos modes de vie et notre rapport au temps.
À commencer par l’article de Falter, qui met en cause les écrans dans nos nuits sans sommeil, mais pas qu’eux :
“La pandémie, la guerre, la crise climatique, les événements imprévus et le stress nuisent aussi au sommeil. L’inquiétude et la peur sont les deux principaux facteurs d’insomnie.”
À l’autre bout du spectre, les “perfectionnistes” s’attachent, eux, à préserver la qualité de leur sommeil à force d’objets connectés, de podcasts et autres tisanes bienfaisantes… “Travail, loisirs, famille : dans notre société de la performance, il faut réussir à tout concilier en l’espace de vingt-quatre heures, et de manière optimale, s’il vous plaît, se désole l’autrice… Des muscles bien dessinés, une alimentation équilibrée, une famille heureuse, un métier épanouissant, et désormais il faut aussi rationaliser les nuits. Car, après tout, on dormira quand on sera mort.”
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