"Don't Look Up" a quand même nécessité l'expertise de la NASA
CINÉMA - Une comète est sur le point de détruire la civilisation. Pourtant, ça n’a l’air d’inquiéter personne. Ce scénario loufoque, c’est celui de la nouvelle superproduction de Netflix Don’t Look Up. Ce film à gros budget signé Adam McKay avec Jennifer Lawrence et Leonardo DiCaprio est en ligne ce vendredi 24 décembre.
Dans cette comédie satirique du réalisateur de The Big Short, la première campe le personnage de Kate Dibiasky, une doctorante en astronomie mal à l’aise en public. Le second, un professeur un peu désarçonné par la découverte de son étudiante. Ensemble, ils vont tenter de convaincre l’opinion publique qu’une planète grosse de dix kilomètres de diamètre s’apprête à entrer en collision avec la Terre.
La mission est loin d’être aisée. Surtout quand la présidente des États-Unis, jouée par une Meryl Streep complètement indifférente à cette annonce et peu sensible au caractère dangereux de la chose, préfère, elle, voir la météorite s’écraser pour en extraire les précieuses ressources minérales.
Mission: repérer les astéroïdes
La catastrophe est imminente et personne ne veut regarder vers le ciel. Pire, des millions d’Américains se ruent dans les rues pour manifester contre cette idée. Le récit peut paraître délirant. Il l’est. Ceci étant, outre l’analogie délibérée avec la crise climatique, il a aussi nécessité l’expertise d’une grande figure de la Nasa. Son nom? Amy Mainzer.
Chercheuse principale au sein de la mission de surveillance NEOWISE de l’agence spatiale, elle a pour mission de repérer les astéroïdes et les comètes potentiellement dangereux, ”à savoir les petits objets du système solaire, le terme ‘petit’ étant relatif bien entendu, qui sont susceptibles de se rapprocher de la Terre, voire de la percuter comme cela arrive parfois”, explique-t-elle dans les notes de production.
Sa contribution au titre de conseillère auprès des équipes artistiques et techniques n’est pas si anodine. D’abord, parce qu’elle fait le même travail que les héros. Aussi, parce que c’est sa propre histoire qui a, en partie, inspiré Don’t Look Up: au mois de mars 2020, le professeur Mainzer et son équipe ont fait la découverte d’une comète, la plus brillante dans l’hémisphère Nord depuis 1997.
Un témoignage concret
C’est Adam McKay qui l’a contactée. “J’ai tout de suite compris que son film parlait de la manière dont les humains réagissent face à une menace existentielle qui exige des connaissances scientifiques solides et sérieuses”, souffle-t-elle. La scientifique est vite convaincue par le projet. Son but: raconter de manière concrète et réaliste comment les astéroïdes sont découverts et comment les scientifiques le communiquent aux populations.
Elle prend un exemple. “Nous avons découvert en 2008 un astéroïde à moins de 24 heures de son impact, se souvient la chercheuse. Dans les 24 heures qui ont suivi, le monde entier en a été informé et plus de 500 observateurs ont envoyé des centaines d’informations. L’astéroïde a finalement terminé sa course au-dessus du désert au Soudan. L’objet était en réalité de très petite taille (environ la taille d’un combi Volkswagen), mais les astronomes font vraiment de gros efforts. Et c’est ce qu’on voit dans le film.”
Comment réagir quand on fait une telle découverte? Comment l’annoncer autour de soi? Ces questions que Leonardo DiCaprio lui a posées ont donné lieu à de bonnes conversations sur le sujet, explique-t-elle au site Space. Ensemble, ils ont réfléchi à ce que signifiait le fait d’essayer de changer les choses quand on sait quelque chose. Faut-il alors travailler main dans la main avec le gouvernement? Ou lutter contre le système?
Derrière son caractère désopilant, le long-métrage a beaucoup à dire de l’importance de la science dans nos sociétés, selon elle. Celle-ci “est vraiment importante dans notre vie quotidienne, concède Amy Mainzer, interviewée par The Verge. Même si nous n’y pensons pas forcément, elle est là. Elle agit sur nos vies, sur les processus physiques qui déterminent le fonctionnement du monde. [...] Nous le voyons tous les jours depuis le début de la pandémie, ou au regard du changement climatique.”
Le cinéma pour vulgariser
L’astronome, qui apparaît régulièrement dans les médias américains dans une démarche de vulgarisation scientifique, espère “vraiment que les gens tiendront compte de la science lorsqu’ils prendront leurs décisions, à la fois en tant qu’individus et en tant que société. Si nous utilisons les outils scientifiques dont nous disposons, nous avons beaucoup plus de chances d’obtenir de bons résultats dans notre vie quotidienne.”
Ces propos ne sortent pas de nulle part. Ils rappellent évidemment les diverses positions qu’a tenues par le passé Donald Trump, tantôt résistant aux vaccins contre le Covid-19, méfiant au sujet du changement climatique, voire même aux bienfaits du sport sur la santé.
C’est là qu’intervient le cinéma. “Vous savez, poursuit la scientifique, toujours chez The Verge, la science nous fait découvrir la nature du monde qui nous entoure, qu’il soit bon ou mauvais. Les arts, eux, permettent vraiment de traiter ce que nous apprenons à ce sujet, de le transmettre aux autres, de les aider à le comprendre. Ceci nous aide à nous en sortir, pas seulement en tant que scientifiques, mais en tant qu’individus.” Don’t Look Up peut-il réussir cette mission? La Nasa l’espère.
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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.