Pourquoi faire le choix de donner à son enfant un prénom qui sort du lot ? D'où vient cette envie de le rendre unique ? Cela permet-il de façonner sa personnalité, ou de lui offrir un destin tout tracé ? Depuis 1993, l'officier d'état civil ne peut plus refuser de lui-même un prénom lorsque les parents viennent déclarer la naissance de leur enfant. Cela permet de laisser libre cours à leur imagination, tant que le prénom ne porte pas préjudice à l'enfant.

Mais qu'est-ce qu'un prénom original, au juste ? Pour Bénédicte Laurent, docteure en linguistique générale et phonétique, spécialisée en sémantique sur les problématiques de naming, c'est subjectif. « Timéo, c'est un prénom original pour les grands-parents, mais c'est très commun aux yeux des enseignants. Un prénom régional peut être également commun dans sa région d'origine et original dans une autre. Ça peut être une marque identitaire, ou bien l'envie d'aller chercher quelque chose d'unique. On l'a vu, par exemple, avec Bixente Lizarazu [footballeur international français, ndlr], qui a popularisé ce prénom. »

Baptiste Coulmont, professeur de sociologie à l'École normale supérieure Paris-Saclay, note que la rareté d'un prénom peut également varier selon les périodes. Selon lui, il n'est par ailleurs pas si rare de donner un prénom original. L'explication est à chercher dans sa fonction même.

« Auparavant, le prénom n'était utilisé que dans l'intimité familiale, pas dans l'activité civile ou commerciale. À la fin du XIXe siècle, selon les manuels de bonnes manières, même les cousins s'appelaient par leur nom de famille, sauf s'ils avaient été élevés ensemble. Mais au XXe siècle, on a eu tendance à davantage utiliser le prénom, notamment pour l'activité commerciale. On est passés de “Durand et fils coiffeur” à “Jackie Durand coiffeur”. Et lorsque l'on se présente à des amis d'amis, on donne son prénom. C'est la même chose...

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