Donald Trump réélu, pour Israël et Benjamin Netanyahu c’est aussi une victoire dans la guerre à Gaza
ÉTATS-UNIS - Benjamin Netanyahu qui « priait » pour une réélection de Donald Trump peut savourer. Ce mercredi 6 novembre, le Républicain a été réélu à la Maison Blanche, quatre ans après l’avoir quittée, en battant la démocrate Kamala Harris. Et les ressacs de cette vague rouge qui déferle sur les États-Unis se feront ressentir dans le monde entier, et notamment au Proche-Orient.
Benjamin Netanyahu qui vient de licencier son ministre de la Défense Yoav Gallant, a exulté ce mercredi matin en apprenant la réélection de Donald Trump. Il a estimé que son « retour historique à la Maison Blanche offre un nouveau commencement pour l’Amérique et un réengagement puissant dans la grande alliance entre Israël et l’Amérique ». L’entourage du Premier ministre israélien a affirmé plus tard dans la journée qu’il était le premier dirigeant étranger à s’entretenir avec le vainqueur et que les deux hommes avaient eu « un échange chaleureux et cordial ».
Pendant la campagne, Donald Trump avait en apparence ménagé la chèvre et le chou, vantant ses conversations quasi quotidiennes avec le leader israélien et leur « très bonne relation », mais capitalisant aussi sur la colère des Arabes américains contre ce qui a été perçu comme un blanc-seing de l’administration Biden à Israël. Avec comme ligne de crête pour le leader républicain, la promesse de « ramener la paix sur Terre ».
Un soutien de l’opération israélienne à Gaza
Derrière ces mots grandiloquents, Donald Trump, qui voulait tout de même ficher les Arabes en 2016 et qui souhaite réintroduire le « muslim ban », n’a jamais eu aucun mot pour les souffrances des Gazaouis. En août dernier, il a simplement estimé que « les morts doivent cesser » tout en appelant Israël à obtenir rapidement une victoire. Comme Joe Biden et Kamala Harris, il a toujours insisté sur le droit d’Israël à se défendre. Et il a même raillé les appels au cessez-le-feu de son opposante démocrate assurant qu’il « ne ferait que donner au Hamas le temps de se reconstituer et de lancer une nouvelle attaque du type de celle du 7 octobre ».
La paix mais plutôt par la force donc. Et surtout avec des idées derrière la tête. En pleine conférence de presse, en octobre dernier, Donald Trump se laisse aller à quelques rêveries immobilières imaginant que Gaza devienne, après sa reconstruction, un nouveau « Monaco ». L’ordre du jour ne semble plus être à faire pression sur Israël pour faciliter l’aide humanitaire à Gaza comme lorsque Washington menaçait de limiter les livraisons d’armes.
Quant au Hamas, il s’est contenté d’un communiqué pour dire qu’il jugera le nouveau président américain en fonction « de ses positions et de son comportement dans la pratique envers le peuple palestinien, ses droits légitimes et sa juste cause ».
« Les choses ne vont pas changer » pour les Palestiniens
Mais la voix des Palestiniens risque d’avoir peu d’écho dans ce nouveau mandat tant, lors du précédent, Donald Trump a multiplié les gestes en faveur d’Israël : il a déplacé l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, coupé les fonds américains à l’UNRWA dès 2018 et surtout reconnu la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan syrien occupé. C’est également lui qui avait mis fin à l’opposition aux colonies israéliennes en Cisjordanie. « La politique de Trump dans la région s’aligne depuis longtemps sur celle des partisans les plus extrêmes d’Israël » en matière d’annexion de la Cisjordanie, note à cet égard le spécialiste de la diplomatie américaine Akbar Shahid Ahmed pour Le HuffPost US.
«[Les Palestiniens] n’ont rien vu changer dans les quatre ans de l’administration Biden. Donc, clairement, en fait, je pense que s’il y a une administration Trump qui revient, il est possible qu’il y ait des politiques par rapport à la colonisation, par rapport à l’impunité d’Israël, qui soient accélérées, renforcées. Mais les choses ne vont pas changer », disait récemment sur France Inter Ines Abdel Razek, directrice de l’Institut palestinien pour la diplomatie publique.
La question iranienne
Si face au Hezbollah, Donald Trump a plus ou moins la même approche (« que ça se règle vite »), la question libanaise est plus complexe parce qu’enchevêtrée avec le dossier iranien. Dans le pays, le républicain a laissé de très mauvais souvenirs, lesquels ont été ravivés dès ce mercredi matin avec la chute du rial iranien, à son plus bas historique face au dollar.
C’est que Téhéran peine à se relever du coup de massue infligé en 2018. Soumis à d’importantes sanctions internationales, l’Iran avait signé en 2015 un accord avec les grandes puissances mondiales qui acceptent de desserrer l’étau en échange d’une limitation du programme nucléaire iranien. Le texte, validé par Barack Obama est torpillé trois ans plus tard par Donald Trump qui réimpose alors des sanctions. Avec à la clef une inflation galopante pour les Iraniens. Son premier mandat est aussi marqué en janvier 2020 par sa décision de faire abattre en Irak le puissant général iranien Qassem Soleimani.
Quatre ans plus tard, pas question de relâcher la pression. Pour la Heritage Foundation, un lobby hyperconservateur qui pèse dans la sphère Trumpiste, face à l’Iran « l’apaisement n’est plus une option ». Au point d’engager les États-Unis militairement aux côtés d’Israël ? Si pendant la campagne, le milliardaire est allé jusqu’à encourager Benjamin Netanyahu à bombarder les installations nucléaires iraniennes - un conseil qui n’a pas été suivi - le républicain a toujours été réticent à l’envoi de troupes américaines. Par ailleurs son entourage de campagne compte de nombreux « isolationnistes qui ne veulent plus que Washington soit le dirigeant du monde libre ou qu’il participe à des alliances internationales », estime Nadav Tamir, un ex-diplomate en poste aux États-Unis.
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