Donald Trump questionne l'engagement systématique envers l'Otan

Le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis Donald Trump s'interroge sur l'engagement de Washington de défendre systématiquement les pays membres de l'Otan qui seraient attaqués, une position conforme à sa politique dite d'"America First" (l'Amérique d'abord), écrit le New York Times. /Photo prise le 19 juillet 2016/REUTERS/Mike Segar

WASHINGTON (Reuters) - Le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis, Donald Trump, s'interroge sur l'engagement de Washington de défendre systématiquement les pays membres de l'Otan qui seraient attaquées, une position conforme à sa politique dite d'"America First" (l'Amérique d'abord), écrit le New York Times. Répondant à une question du quotidien sur une éventuelle agression des pays baltes, Donald Trump a répondu que si Moscou les attaquait, il ne déciderait d'un éventuel soutien américain qu'après avoir vérifié si ces pays "ont respecté leurs obligations envers nous". "S'ils respectent leurs obligations envers nous, la réponse est oui", a-t-il ajouté. Il a également expliqué que s'il est élu président, il obligera les pays alliés des Etats-Unis à assumer une partie des dépenses de défense que Washington supporte seul depuis des décennies, il dénoncera des traités jugés défavorables et il redéfinira la notion de pays partenaire des Etats-Unis. "Je préfèrerais être en mesure de continuer" à appliquer les accords existants, a-t-il dit, ajoutant qu'il ne le ferait cependant que si les pays alliés cessent de profiter de ce qu'il présente comme les largesses américaines, écrit le New York Times. Le porte-parole de la candidate démocrate, Hillary Clinton, pour les affaires étrangères, Jake Sullivan, a réagi en déclarant dans un communiqué: "Trump a visiblement conclu que l'Amérique n'avait pas l'autorité morale nécessaire pour promouvoir nos intérêts et nos valeurs dans le monde entier". David Corn, chef du bureau de Washington du site d'information Mother Jones, a déclaré sur Twitter que Paul Manafort, le directeur de campagne de Donald Trump, lui avait affirmé que les propos du candidat avaient été déformés. Reuters n'est pas parvenu à joindre les responsables de la campagne de Trump pour obtenir un commentaire mercredi soir. Donald Trump exprime depuis plusieurs mois ses doutes sur les coûts que les Etats-Unis consacrent à l'Otan, une organisation qui doit selon lui être reconfigurée pour prendre en compte les nouvelles menaces internationales. Son discours a déjà suscité l'inquiétude dans certains pays membres de l'Otan. Lors d'un déplacement à Washington, où il participait à une réunion de ministres de la Défense et des Affaires étrangères sur la lutte contre l'Etat islamique, le ministre britannique de la Défense Michael Fallon a déclaré que l'article 5 du traité de l'Atlantique-Nord, qui garantit le principe de défense collective, ne pouvait s'assortir de conditions ou de mises en garde. "Nous nous engageons absolument à nous entraider si un membre de l'Otan est attaqué", a souligné Michael Fallon. Le secrétaire au Foreign Office, Boris Johnson, a déclaré quant à lui que le principe de défense collective était "incroyablement important". "Il a garanti la paix en Europe pendant des décennies et le fera encore, je pense, pendant les décennies à venir", a-t-il dit. Dans l'entretien publié par le New York Times, Donald Trump déclare également que s'il est élu, il n'exercera aucune pression sur la Turquie ou sur des pays alliés dotés d'un régime autoritaire au sujet de la répression des opposants politiques ou de restrictions des libertés individuelles. Les Etats-Unis, a-t-il ajouté, doivent "régler leurs propres problèmes" avant d'essayer d'influencer la politique d'autres pays. "Je ne crois pas que nous ayons le droit de donner des leçons", a-t-il dit. "Regardez ce qui se passe dans notre pays. Comment pouvons nous donner des leçons quand des gens tirent de sang-froid sur des policiers ?" (Brendan O'Brian, avec Idrees Ali; Marc Angrand et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)