Donald Trump interviewé par Elon Musk sur X, un show « divertissant » mais risqué pour la présidentielle
INTERNATIONAL - « Divertissement garanti ! ». Voilà la promesse formulée par le milliardaire américain Elon Musk, quelques heures avant le début de son interview de Donald Trump. L’ex-président des États-Unis à nouveau candidat dans la course à la Maison Blanche sera en direct sur X (ex-Twitter) à partir de 20 heures ce lundi 12 août, soit à 2h heure française.
« Il s’agit d’un chat non scénarisé, sans limite de sujet, qui devrait donc être très divertissant ! », a annoncé Elon Musk sur X (ex-Twitter), plateforme dont il est devenu patron fin 2022. Il a ensuite invité les internautes à partager leurs questions ou commentaires en dessous son post.
Cette interview intervient alors qu’il ne reste plus que trois mois à Donald Trump pour convaincre les Américains de le réélire à la tête du pays. Favori face à Joe Bien, le voici à la peine dans les sondages depuis que l’actuelle vice-présidente américaine Kamala Harris est la candidate démocrate. S’afficher ainsi aux côtés d’un des hommes d’affaires les plus influents, mais également des plus controversés, réveille l’espoir de redynamiser la campagne du camp républicain.
Et si Trump redevenait « un serial twittos »
« La campagne de Donald Trump bat de l’aile, tout comme Twitter connaît des difficultés avec notamment une lourde perte d’utilisateurs depuis sa reprise par Elon Musk. En somme cette interview arrive à un moment idéal pour que l’un comme l’autre puissent en profiter », analyse auprès du HuffPost Alexis Pichard, docteur en civilisation américaine et auteur de Trump et les médias : l’illusion d’une guerre (VA éditions).
« L’un des problèmes majeurs de Donald Trump dans sa campagne, c’est qu’il s’est enfermé dans son propre réseau social, Truth social, où il n’est suivi que par 4.5 millions d’utilisateurs », explique Alexis Pichard. En comparaison, l’ancien « serial twittos » est toujours suivi sur X par 88 millions de personnes.
L’ex-président américain avait été banni de la plateforme après l’assaut violent du Capitole en janvier 2021. Deux ans plus tard, Elon Musk avait racheté Twitter, puis réactivé son compte. Trump avait alors opéré un retour très remarqué sur X, en publiant son mugshot pris dans une prison d’Atlanta. S’en est suivi un silence d’un an sur la plateforme, finalement rompu ce lundi avec la publication d’un clip d’appel aux dons. Puis d’une série de tweets faisant la promotion de l’émission avec Elon Musk.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 12, 2024
« Plusieurs médias américains s’interrogent sur un possible retour de Trump sur X à la faveur de l’interview de ce soir… C’est une possibilité, d’autant plus vu sa position en berne dans les sondages », estime Alexis Pichard. Parallèlement, l’enjeu pour Elon Musk est d’attirer la campagne présidentielle sur son réseau social. Le patron de Tesla a ainsi repartagé ce lundi un post-détaillant pourquoi X est « un excellent choix pour les annonceurs politiques ».
Comment les deux milliardaires se sont rapprochés
Si Donald Trump et Elon Musk ne se sont pas toujours entendus, l’interview de ce lundi promet de tourner autour de leurs opinions similaires. « Ils sont en parfait accord sur le fait de dénoncer le “wokisme” et les minorités qui selon eux cherchent à saper l’identité du pays, à pervertir la distinction entre les genres… C’est tout un discours anti-progressiste », détaille Alexis Pichard.
Donald Trump a également tout récemment radicalement changé d’avis au sujet des voitures électriques, l’une des activités principales d’Elon Musk et de son entreprise Tesla. « Je suis pour les voitures électriques », a ainsi déclaré le candidat Républicain lors d’un meeting en Géorgie début août, avant d’ajouter « je ne peux que l’être car Elon m’a fortement soutenu ».
Trump tonight: "I'm for electric cars. I have to be because Elon Musk endorsed me, so I have no choice. I'm for them, but for a small slice. They want to go all-electric & there's no way you can ever load (charge) them up; A charger is a gas pump with electricity coming through." pic.twitter.com/v0QJk3rs76
— Sawyer Merritt (@SawyerMerritt) August 4, 2024
Elon Musk lui aussi a opéré un virage dans ses opinions. S’il avait déclaré avoir précédemment voté Barack Obama, puis Hillary Clinton et Joe Biden, le patron de X a finalement annoncé soutenir le candidat républicain pour novembre, juste après la tentative d’assassinat de Donald Trump, le 14 juillet.
Une enquête du Wall Street Journal avait alors révélé que le milliardaire s’apprêtait à donner 45 millions de dollars par mois à la campagne de Donald Trump par le biais d’un « comité d’action politique », baptisé America PAC. Elon Musk avait ensuite démenti cette information, sans pour autant révéler le montant qu’il a investi dans cette candidature.
Une stratégie qui vise un électorat déjà conquis
Pour autant, pas sûr que ce duo Trump - Musk soit une stratégie si payante que cela. « Elon Musk n’est pas le garant d’une modération qui pourrait permettre à Donald Trump de gagner de nouveaux électeurs notamment chez les indécis, les modérés ou les indépendants, explique Alexis Pichard. Au contraire Trump fait le choix de poser avec un multimilliardaire très ancré dans une pensée réactionnaire et conservatrice. Cela risque de contracter encore son électorat, plutôt que de l’étendre ». À l’inverse, Kamala Harris a récemment choisi Tim Walz comme colistier, ancien combattant et professeur des écoles, son profil est rassurant pour une partie des Américains et surtout complémentaire de la candidate démocrate.
De plus, la promesse d’une interview « divertissante » formulée par Elon Musk laisse entendre que Donald Trump s’exercera une fois de plus à multiplier les punchlines ou les coups de gueule. « C’est une stratégie identique à celle qui l’a conduit à la Maison Blanche, mais qui lasse désormais les Américains et même les Républicains. Ce qui était novateur il y a quelques années ne l’est plus », souligne Alexis Pichard.
À noter enfin qu’Elon Musk avait déjà proposé un tel format d’interview pour soutenir un autre candidat Républicain, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, l’année dernière. L’initiative s’était soldée par un fiasco technique, et les extraits avaient été moqués par de nombreux internautes. Un scénario que Donald Trump n’a surtout pas intérêt à voir se répéter lors de son retour sur Twitter.
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