Donald Trump élu : les grands électeurs peuvent-ils "trahir" le vote populaire ?

244 millions d'électeurs américains ont remis leur choix de président entre les mains de 538 grands électeurs. Mais ces derniers ont-ils la possibilité de changer de vote ?

Si Donald Trump a remporté l'élection américaine, il reste une étape à franchir avant qu'il soit nommé président. (Photo Jim WATSON / AFP)
Si Donald Trump a remporté l'élection américaine, il reste une étape à franchir avant qu'il soit nommé président. (Photo Jim WATSON / AFP)

Des trahisons peu probables mais possibles. Depuis que la Constitution américaine de 1787 a établi son système de suffrage universel indirect pour élire le président des États-Unis, avec le fameux système de grands électeurs, des revirements ont en effet déjà existé à l'issue du vote populaire.

Petit rappel des faits : ce mardi 5 novembre, 244 millions d’électeurs se sont déplacés aux urnes dans 50 États pour élire leur 538 grands électeurs. Pour que l’un des candidats à la présidentielle gagne, il devait remporter plus de la moitié de ces grands électeurs, soit 270 d’entre eux. À cette heure, Donald Trump en détient 277 (contre 224 pour Harris), c'est donc lui qui devrait accéder à la Maison Blanche en 2025.

Mais avant, les 538 grands électeurs doivent officiellement transmettre le vote des Américains le 17 décembre 2024. Ont-ils le droit de changer leur vote d'ici à cette date ? Peuvent-ils passer de Donald Trump à Kamala Harris ou inversement ? On fait le point.

Parmi les 50 États, ils sont 32 (auxquels s’ajoute la ville de Washington, qui a un statut spécial) à détenir des lois qui obligent les grands électeurs à suivre le vote populaire. Ainsi, un grand électeur s’étant engagé à voter Donald Trump et qui voterait finalement pour Kamala Harris le 17 décembre, deviendrait un faithless elector, un "grand électeur déloyal".

Dans la majorité des cas, comme au Texas, en Californie ou à Washington, le vote du grand électeur est annulé et un grand électeur remplaçant est choisi. D’autres peuvent punir une telle action d’une amende. Enfin, dans une douzaine d’autres États, comme l’Oregon, le Wyoming ou le Tennessee, le vote est tout de même comptabilisé.

"Les électeurs infidèles n’ont jamais changé le résultat d’une élection présidentielle, et la plupart des États ont des lois interdisant les votes infidèles", rappelle le site FairVote.org.

La probabilité de trahison est très rare mais oui, elle existe. En 2020, lors du duel Joe Biden-Donald Trump, aucun "faithless elector" n’a été recensé. Mais en 2016, rappelle CNN, 10 des 538 grands électeurs ont voté pour un candidat différent de celui pour lequel ils s'étaient engagés. "Jusqu’en 2016, aucun État n’avait jamais puni ou destitué un électeur en raison de son vote".

Cette année-là, des grands électeurs de Washington ayant voté pour Colin Powell plutôt que pour Hillary Clinton ont été punis de 1 000 dollars d’amende par la Cour suprême de l'État. Dans le Colorado, un autre ayant attribué son vote à John Kasich au lieu d'Hillary Clinton s’est vu démettre de ses fonctions et être remplacé par un autre électeur ayant voté pour Clinton.

Les années précédentes, énumérées par FairVote.org, répertorient toutes au moins un électeur infidèle par élection – certains choisissent également de s’abstenir de voter. Le record date de 1872, lorsque 63 grands électeurs n’ont pas respecté leur vote de départ. Et pour cause : Horace Greeley, l’un des candidats en lice, meurt le 29 novembre 1872, après le suffrage populaire, mais avant le vote des grands électeurs. Trois de ces derniers votent tout de même pour Greeley (mais leurs votes sont annulés par le Congrès), tandis que les autres se dispersent sur d’autres choix.

Autant d'exemples rares, dont aucun n'a modifié le résultat final, et qui sont peu susceptibles de se reproduire le 17 décembre prochain.