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Trump, Trudeau et Pena Nieto vont renégocier l'Alena

Le président américain Donald Trump a dit mercredi à ses homologues mexicain et canadien que les Etats-Unis ne se retireraient pas à ce stade de l'Alena, tout en disant qu'il entamerait bientôt avec eux une renégociation de ce traité. /Photo prise le 25 avril 2017/REUTERS/Yuri Gripas

WASHINGTON (Reuters) - Le président américain Donald Trump a informé mercredi ses homologues mexicain et canadien que les Etats-Unis ne se retireraient pas à ce stade de l'Alena (Accord de libre-échange nord-américain), tout en disant qu'il entamerait bientôt avec eux une renégociation de ce traité. L'annonce, d'abord relayée par la Maison blanche, est intervenue alors qu'un haut responsable de l'administration américaine avait dit que le président républicain et ses conseillers travaillaient sur un projet de décret prévoyant le retrait des Etats-Unis de l'Alena, conclu il y a 23 ans. Donald Trump s'est entretenu au téléphone avec le président mexicain Enrique Pena Nieto et avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau pour leur dire qu'il s'abstiendrait de tout retrait précipité de l'Alena. Revenant jeudi sur cette conversation, Trump a fait part de son optimisme quant à la possibilité de renégocier cet accord commercial sans pour autant retirer sa menace. "Plutôt que de supprimer l'Alena, ce qui serait un choc plutôt important pour le système, nous renégocierons. Si je suis incapable de conclure un accord équitable pour les Etats-Unis, je supprimerai l'Alena", a-t-il dit à la presse alors qu'il recevait le président argentin Mauricio Macri dans le bureau Ovale de la Maison blanche. Dans le communiqué diffusé mercredi par ses services, le président américain disait son "honneur d'actualiser l'Alena par la négociation". MEXICO PARLE D'"ÉNORMES PROGRÈS" Côté canadien, on explique que Justin Trudeau a fortement insisté pour persuader son homologue américain de ne pas dénoncer l'accord entré en vigueur en janvier 1994. "Trump lui a dit qu'il songeait à un retrait de l'Alena et a ajouté qu'il voulait connaître notre avis. Le Premier ministre lui a dit qu'un retrait des Etats-Unis conduirait à des suppressions d'emploi et à de l'instabilité de part et d'autre de la frontière", a dit une source canadienne proche du sujet. Le chef de la diplomatie mexicaine, Luis Videgaray, a évoqué lui les "énormes progrès" observés au cours des trois premiers mois de la présidence Trump dans les relations entre son pays et les Etats-Unis, parties de très bas. Il a ajouté que la conversation téléphonique avec Trump avait été menée à l'initiative du président mexicain Enrique Pena Nieto et qu'elle avait été entièrement consacrée à la renégociation de l'Alena. "Nous avons créé une dynamique respectueuse par le dialogue (...) Je crois que toutes les conditions pour parvenir à une bonne négociation existent, qui conviendra au Mexique et qui sera aussi positive à la fois pour le Canada et pour les Etats-Unis", a poursuivi l'ancien ministre des Finances dans une interview accordée jeudi à la chaîne Televisa. Alors que les Etats-Unis absorbent les trois quarts des exportations canadiennes, le dollar canadien gagnait 0,23% face au dollar jeudi vers 16h30 GMT tandis que le peso mexicain avançait de 0,5% face au billet vert. La Maison blanche avait envisagé de prendre dès samedi un décret de sortie de l'Alena pour faire coïncider cette décision avec le centième anniversaire de la prise de fonctions de Donald Trump. Pendant la campagne électorale, l'homme d'affaires devenu président n'a eu de cesse de dénoncer les accords de libre-échange conclus par les Etats-Unis. Le 23 janvier, trois jours après son investiture, Donald Trump avait signé une ordonnance retirant les Etats-Unis du Partenariat transpacifique (TPP) et avait alors menacé de faire de même avec l'Alena. Le président américain accuse le Mexique de détruire des emplois américains et cette semaine, il a imposé des droits de douane de 20% sur les importations de bois d'oeuvre canadien. La semaine dernière, Donald Trump a en outre jugé "injustes" les protections dont bénéficie la filière laitière canadienne. (Steve Holland, avec Fergal Smith à Toronto, David Ljunggren à Ottawa et Veronica Gomez et David Alire Garcia à Mexico; Eric Faye et Benoît Van Overstraeten et Henri-Pierre André pour le service français)