Donald Trump est déjà prêt à rejouer le 6 janvier pour la présidentielle 2024, mais ça s’annonce plus compliqué

Donald Trump lors d’un meeting en Pennyslvanie, un Etat-clef, le 20 octobre 2024 
CHARLY TRIBALLEAU / AFP Donald Trump lors d’un meeting en Pennyslvanie, un Etat-clef, le 20 octobre 2024

ÉTATS-UNIS - Roy Cohn, le mentor de Donald Trump mis en scène dans The Apprentice avait-il également la main verte ? Il est permis d’y penser tant son poulain est passé maître dans l’art de semer les graines de la discorde. À deux semaines de l’élection présidentielle, l’ancien locataire de la Maison Blanche continue de laisser entendre qu’il ne peut pas perdre le scrutin du 5 novembre si celui-ci se déroule dans les règles.

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Quatre ans après les événements du 6 janvier 2021, qui ont vu l’assaut du Capitole et entraîné la mort d’au moins cinq personnes, l’opposant de Kamala Harris prépare le terrain à de nouvelles contestations. Donald Trump qui n’hésite pas à brandir la menace de l’armée et de la garde nationale contre « l’ennemi de l’intérieur », a même réaffirmé, ce dimanche, la journée du 6 janvier 2021 de « journée d’amour ».

Une sécurité d’ores et déjà renforcée

Derrière la harangue, la crainte est bien réelle. Le département de la sécurité intérieur et le FBI ont fait part dans une note rendue publique début octobre du danger accru posée par des « extrémistes nationaux contre une série de cibles directement et indirectement associées aux élections, au moins jusqu’à l’investiture présidentielle ». Concrètement, c’est surtout le personnel encadrant les élections qui pourrait être directement menacé. Si depuis 2021, plus d’un millier de personnes liées directement ou indirectement aux émeutes ont été condamnées par la justice, plusieurs juges qui ont traité des dossiers d’émeutiers, interrogés par AP, estiment que ça ne sera pas suffisant pour décourager un nouveau mouvement de foule similaire.

Gage que la tension est palpable, les résidents de Washington ont déjà commencé à s’organiser, en lien avec les autorités locales, sur un plan pragmatique pour prévenir ou se sécuriser face à des violences qui éclateraient dans la ville pendant les 11 semaines qui sépareront le 5 novembre de l’investiture. À cet égard, les services secrets ont d’ores et déjà prévu de renforcer la sécurité en faisait de l’investiture un « événement national de sécurité spéciale ».

Des armées pour les tribunaux

Sur le plan juridique et politique, la bataille est tout aussi anticipée. « En 2020, les négationnistes des résultats des élections improvisaient… Maintenant, ils sont bien plus organisés, bien plus stratégiques et bien mieux financés », a expliqué Michael Waldman, président du Brennan Center for Justice, aux journalistes d’AP. Le Republican National Comittee (RNC) a même lancé un département consacré à « l’intégrité du scrutin », dirigé par Christina Bobb. Laquelle avait fait partie des premières à contester le résultat de 2020.

Objectif pour Trump, organiser et porter des dizaines de contestations devant la justice à travers le pays. Les Républicains ont déjà pris les devants en préremplissant une centaine de plaintes dans différents États, dont certains clefs comme la Géorgie, en assurant par exemple, et sans preuve, que des non-Américains s’apprêtent à voter en masse, rapporte Reuters.

Le scénario de 2020 pourrait se répéter : c’est-à-dire un Donald Trump d’abord en tête avant d’être rattrapé, puis dépassé une fois tous les bulletins dépouillés -ce qui prendra plusieurs jours- et nourrir encore un peu plus la rhétorique de « l’élection truquée ».

Rejouer la certification

Il y a quatre ans, les trumpistes avaient tenté de s’appuyer sur les États dirigés par les Républicains en leur demandant de ne pas certifier les votes de leurs circonscriptions et d’envoyer à la place des grands électeurs favorables au magnat. Ils avaient ensuite tenté d’influencer la certification au Congrès en demandant aux élus Républicains de ne pas valider le vote des grands électeurs. Une cérémonie à laquelle présidait le vice-président -comme c’est l’usage- Mike Pence, et sur lequel Trump lui-même avait fait pression en lui demandant de ne pas valider le vote. Il s’y était refusé.

Aujourd’hui sept des États clefs ont à leur tête des gouverneurs démocrates. Surtout, pour éviter de recréer le chaos juridique de 2020 déclenché par les Républicains, le législateur a sévi en 2022 avec le Electoral Count Reform Act of 2022. Cette réforme vise à préciser, limiter, et amender certains angles morts de l’organisation des élections constatés en 2020 et même auparavant. En balisant mieux et réaffirmant l’importance de la procédure juridique pour des recours -qu’il s’agissent d’incidents dans l’élection ou dans la certification des Grands électeurs- le ECRA accélère leur résolution et en limite la portée politique.

Tout en réaffirmant par ailleurs que le rôle du vice-président lors de la certification au Congrès est purement « cérémonial », le texte réclame désormais qu’une objection au décompte électoral d’un État soit portée par un cinquième des membres de chaque chambre. Quand un seul élu dans chaque chambre suffisait auparavant. Assez pour contenir la fièvre électoraliste du pompier pyromane qui, certes, ne dispose plus des mêmes leviers politiques qu’en 2020 ?

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