Donald Trump au Forum de Davos : le monde économique mondial attend le président sur les dents
ÉCONOMIE - Les élites économiques mondiales retiennent leur souffle. Les participants au Forum de Davos attendent avec impatience la prise de parole de Donald Trump ce jeudi 23 janvier. Le président américain, élu sur un programme protectionniste plutôt agressif, doit s’exprimer en visioconférence, moins d’une semaine après le début de son mandat.
Une perspective qu’avait clairement en tête Ursula von der Leyen lorsqu’elle s’est exprimée sur place mardi dernier. « Nous nous montrerons pragmatiques » vis-à-vis de l’administration Trump, « mais nous ne renoncerons pas à nos principes » et veillerons à « protéger nos intérêts », a prévenu la présidente de la Commission européenne, qui a par ailleurs appelé à plus de « coopération » internationale. Une main tendue au vice-Premier ministre chinois qui n’y a pas directement répondu, mais a lui aussi défendu le « dialogue », estimant que « les guerres commerciales n’ont pas de vainqueur ».
Il faut dire que le président américain n’a pas perdu de temps. En à peine trois jours il a multiplié les décrets et les déclarations chocs, affirmant mardi dernier que l’UE est « très mauvaise » pour les États-Unis. « Ils ne prennent pas nos voitures ou nos produits agricoles » donc « ils sont bons pour des droits de douane », a-t-il menacé face à la presse, précisant que son administration discutait « de 10 % de droits de douane sur les produits chinois ».
Les marchés plus sereins que prévu
Ces annonces attendues avec appréhension sont finalement assez floues, sans calendrier, ni éléments concrets. De quoi rassurer les marchés selon l’analyste financier Xavier Chapard, interrogé par l’AFP, qui pointe « l’absence de grosse surprise, de droits de douane immédiats et le ton plutôt mesuré sur la Chine ». L’administration Trump pourrait en réalité opter pour une approche moins agressive et chercher à négocier avec les partenaires économiques.
C’est en tout cas ce que semblent avoir compris les marchés européens, qui évoluaient en hausse mercredi. Au-delà des propos sur les droits de douane, Donald Trump a aussi fait des promesses alléchantes pour le secteur de l’intelligence artificielle avec des investissements d’« au moins 500 milliards de dollars ». Adepte des réductions d’impôts et de la dérégulation, le président américain pourrait même donner envie à certains de « faire sauter les bouchons de champagne », raille Politico.
Les milieux économiques pourraient s’inquiéter des conséquences du retour de Donald Trump sur le climat, mais le sujet risque d’être relégué une année de plus au second plan, prévoit New York Times. Interrogé par le quotidien américain, l’ex vice-président démocrate Al Gore a promis de « faire de son mieux » pour mettre ces questions sur la table, tout en rappelant que la plupart des invités à Davos ont le regard braqué sur le reste des décisions du président américain, notamment sur l’IA et la géopolitique.
L’ombre de Trump plane toujours sur le terrain géopolitique
Les conflits internationaux sont le vrai point noir de la politique trumpiste aux yeux des élites économiques et politiques. Dans un rapport publié avant le début de rencontres à Davos, le Forum économique mondial rappelait que les décideurs sont « angoissés par les tensions géopolitiques ». « Près d’un quart » des 11 000 dirigeants d’entreprises interrogés par l’enquête « ont placé les conflits armés à la première place des dangers à un horizon de deux ans ».
Un constat partagé par le financier Anthony Scaramucci, interrogé par Politico : « À première vue, Trump est une bonne nouvelle pour les affaires », mais « si vous me dites qu’il va s’emparer du Groenland, déployer des troupes au Panama ou annexer le Canada, ça crée de l’instabilité ». La politique étrangère de ce nouveau mandat du républicain pourrait avoir des « conséquences négatives » aussi « sur les marchés ». Une raison de plus pour motiver le monde économique à suivre attentivement la déclaration du nouveau président américain ce jeudi.
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