"Dans le domaine où je travaille, il n’y a que 8% de filles" : entretien avec Bérengère Dubrulle, la "femme scientifique de l’année 2022"

Phototeque CNRS; Frédérique Plas

Physicienne et spécialiste des turbulences, Bérengère Dubrulle a été récipiendaire du prix Irène-Joliot-Curie décerné par l’Académie des sciences. Les travaux de cette chercheuse CNRS, travaillant au CEA Paris-Saclay, ont été récompensés en de nombreuses occasions. Elle répond aux questions de Sciences et Avenir.

Directrice de recherche au CNRS, Bérengère Dubrulle est physicienne et travaille sur les turbulences, un état des fluides qui se caractérise par la présence de tourbillons. Ses travaux ont été récompensés à plusieurs reprises (médaille de bronze et d’argent du CNRS, médaille Lewis Fry Richardson de l’EGU) et elle a récemment été élue « femme scientifique de l’année 2022 » par l’Académie des sciences en recevant le prix Irène-Joliot-Curie. Aujourd’hui, elle parle à Sciences et Avenir de la place des femmes en sciences, à une époque où les défis climatiques et sociaux nécessitent qu’hommes comme femmes puissent accéder équitablement à la recherche.

"Si nous sommes ici, c'est grâce à la turbulence"

Sciences et Avenir : Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de vos recherches ?

Bérengère Dubrulle : Je suis chercheuse CNRS, dans le service de Physique de l’État Condensé du CEA Paris-Saclay. Je fais des recherches sur la turbulence, un état des fluides qui se caractérise par la présence de tourbillons. Une grande partie de mon travail est de comprendre leurs impacts dans les écoulements qui ont lieu autour de nous, puisqu’ils sont partout dans notre quotidien. Dans l’eau, l’air, la circulation du sang, les galaxies… Ils sont aussi responsables de la formation du système solaire. Si nous sommes ici, c’est grâce à la turbulence.

J’ai fait une thèse en astrophysique et j’ai commencé par travailler sur la turbulence et son rapport avec la formation du système solaire. Plus tard, mes voyages au Japon puis aux États-Unis m’ont mené à orienter mes recherches vers la météorologie et le climat. C’est là que j’ai commencé à avoir une conscience écologique, domaine dans lequel je me suis engagée très tôt et où les mouvements des fluides sont très importants. J’ai notamment travaillé sur les bifurcations (le fait que les circulations des fluides changent brutalement). La turbulence est quelque chose de très compliqué puisque les écoulements en physique sont caractérisés par une[...]

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