Le Doliprane de Sanofi en passe d’être vendu à un fonds américain : les parlementaires alertent le gouvernement

Ce rachat actuellement en négociations inquiète pour la souveraineté sanitaire française, qu’Emmanuel Macron voulait justement relancer après la crise du Covid.

POLITIQUE - « Encore un symbole de notre perte de souveraineté ». Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, fait partie des nombreux élus à s’émouvoir ce vendredi 11 octobre du possible rachat de la filiale Opella, qui produit le Doliprane, par un fonds américain. À peine annoncées, les négociations en cours ont fait bondir des parlementaires de tous bords.

« Le numéro 1 de notre armoire à pharmacie, indispensable de notre quotidien, passe sous pavillon américain. Une honte », s’indigne le numéro 1 des communistes, même si le rachat par le fonds d’investissement CD&R n’est pas encore scellé. La gauche est unanime, des Écologistes aux socialistes en passant par la France insoumise. « Vous vous rappelez quand Sanofi voulait distribuer son vaccin contre le Covid ’en priorité’ aux États-Unis ? C’est ce qui pourrait se passer pour le Doliprane puisque Sanofi a décidé de le vendre à un fonds américain », alerte l’eurodéputé socialiste.

Le député de la Somme François Ruffin rappelle avec amertume une déclaration d’Emmanuel Macron sur l’importance de la souveraineté sanitaire française au moment de la pandémie de coronavirus. « Déléguer notre protection, notre capacité à soigner à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle. Les prochaines semaines nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai », avait déclaré le président de la République. Un rappel également fait par la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier.

Mais il n’y a pas qu’à gauche que ce possible rachat inquiète. À l’initiative du député (EPR) Charles Rodwell, 62 députés issus des groupes Ensemble pour la République, Horizons, MoDem et Droite républicaine (ex-LR) ont écrit un courrier commun au ministre de l’Économie Antoine Armand. « Le Doliprane est un médicament essentiel pour la santé de millions de Français », un « succès pour le groupe Sanofi », et l’opération irait à l’encontre du « rétablissement de la souveraineté française en matière de santé », alertent-ils, soulignant également « l’enjeu très préoccupant pour notre sécurité nationale ».

Ils demandent au gouvernement d’invoquer un article du Code monétaire et financier lui permettant de soumettre à une autorisation préalable des investissements étrangers dans des secteurs sensibles. Le patron du groupe Droite républicaine Laurent Wauquiez, et le rapporteur général du budget de la Sécurité sociale Yannick Neuder (DR), ont également écrit au ministre avec la même demande : « il est indispensable que l’État agisse pour protéger nos fleurons industriels et assurer la souveraineté sanitaire de la France ».

Le président du Rassemblement national Jordan Bardella s’indigne, sur la même ligne : « Les risques sur notre souveraineté sanitaire et sur l’emploi sont considérables : il serait incompréhensible que l’Etat laisse faire », écrit-il sur X.

Le gouvernement « prend acte » mais promet d’être vigilant

Selon Les Échos, le potentiel repreneur américain a offert plus de 15 milliards d’euros pour mettre la main sur Opella, qui se revendique numéro trois mondial des médicaments sans ordonnance, vitamines, minéraux et compléments alimentaires. Cette filiale chapeaute une centaine de marques dont le populaire Doliprane mais aussi Mucosolvan, Maalox ou Novanuit.

Dans un communiqué de presse, les ministres de l’Économie Antoine Armand et de l’Industrie Marc Ferracci ont dit « prendre acte » des discussions en cours, mais rappelé les « points de vigilance du gouvernement, tant sur le plan économique que sanitaire ». À commencer par « le maintien du siège et des centres de décisions sur le territoire national », la préservation de « l’empreinte industrielle française d’Opellla » ainsi que la production en France et l’approvisionnement national.

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