DJAMEL LOUNIS Algérie «Le dessin a une puissance inimitable»

«Je ne sais pas pourquoi ni comment, mais j’ai toujours dessiné. L’accès à la presse, surtout internationale, est très contrôlé en Algérie. J’ai appris le français et le dessin avec Pif Gadget ! Encouragé par mes copains, j’ai commencé à en parler et à la maison, mes parents m’ont d’abord dit de trouver un "vrai métier". Chez nous, il n’y a pas vraiment d’école de dessin. Tout a commencé en 2007 avec l’Institut Goethe d’Alger, qui m’a commandé une exposition sur la société algérienne. C’était la première fois qu’on me demandait MON œil. J’ai été invité à Berlin et ils m’ont demandé de faire la même chose sur la société allemande.

«Je sais que je ne peux pas tout dessiner dans les journaux algériens. Notre culture, notre société sont différentes, parce qu’il y a une religion d’Etat. Il y a des sujets qu’on n’aborde pas, c’est comme ça. Pour autant, je ne me vois pas faire autre chose. Le dessin m’a choisi. Et malgré les limites à la liberté d’expression, le dessin a une puissance inimitable. Dans mon pays, il y a beaucoup de personnes qui n’ont qu’un faible niveau d’instruction. Le dessin, c’est le moyen de parler à l’ensemble d’une société. C’est une situation dont je m’accommode, parce qu’aujourd’hui il y a quelque chose de nouveau : Internet. Ce que je ne peux pas publier chez moi, je peux prendre la responsabilité de le publier sur les réseaux. Grâce à Internet, je peux aussi être en France aujourd’hui et, le temps d’un week-end, faire d’autres dessins, pour d’autres personnes.»



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