Dix Pour Cent : pourquoi on aime la nouvelle série de France 2 à 200% !

Alors que l'on pensait que France 2 avait déjà tout donné en matière de séries cette année 2015 après les excellentes Chefs, Les Témoins et Disparue, voici venue en cette rentrée Dix pour cent, probablement la meilleure de toutes ! Avant d'énumérer ses innombrables qualités, évoquons son seul défaut : la première saison ne comporte que six épisodes et vous allez voir qu'à la fin du dernier un sentiment de frustration extrême va vous gagner...Heureusement, l'équipe est déjà en train d'écrire la deuxième, en espérant que le public répondra suffisamment présent pour qu'elle puisse voir le jour. Mais franchement, on n'est pas très inquiets : cette réussite totale, c'est celle d'une équipe, d'une chaîne, mais aussi celle de la fiction française, qui ne s'était jamais aussi bien portée, tandis que Les Revenants sont enfin revenus et que les beaux projets singuliers se multiplient un peu partout (Au service de la France et Trépalium sur Arte, Panthers et Jour Polaire sur Canal +...). Synopsis : Quatre agents de comédiens, aux personnalités hautes en couleur et aux vies personnelles compliquées, se battent au quotidien pour trouver les meilleurs rôles pour leurs prestigieux clients. Quand Camille, la fille illégitime de l'un d'entre eux, débarque à Paris pour chercher un boulot, cette dernière est alors plongée dans le quotidien mouvementé de l'agence et nous fait découvrir à travers son regard naïf les dessous de la célébrité... [MainTitle]On aime "Dix Pour Cent"...[/MainTitle][SubTitle]A 30% pour son originalité et son esprit[/SubTitle]Nul n'ignore que la France, encore en 2015, a bien du mal à proposer des séries qui ne soient pas policières, ou qui n'intégrent pas au minimum une enquête. Dix Pour Cent fait ainsi figure d'exception : pas de meurtres, même si certains personnages, poussés à bout, ne seraient pas loin d'être capables d'en commettre !Non, Dix Pour Cent est une série moderne et chorale, donc centrée sur une dizaine de personnages principaux, une rareté, mais aussi et avant tout une dramédie, un genre difficile à manier, très anglo-saxon à la télé, plus cinématograhique en France, mais qui a bien du mal à percer dans la petite lucarne hexagonale. On se souvient surtout de Clara Sheller, il y a déjà dix ans maintenant.D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si la première mouture de la série avait été écrite par le même créateur : Nicolas Mercier. Mais à l'époque -il y a 7 ans- c'était pour Canal +, qui voulait une série plus cynique et qui lui a finalement préféré Platane d'Eric Judor. Dix Pour Cent se veut piquante mais toujours bienveillante envers le milieu du cinéma et ceux qui la font, qu'elle n'est pas là pour dénoncer mais gentiment moquer et pointer du doigt ses paradoxes et ses extravagances. [SubTitle]A 50% pour son écriture[/SubTitle]Fanny Herrero, à la tête de l'équipe de scénaristes telle une showrunneuse à l'américaine, qui a ainsi constituée une équipe autour d'elle et qui a co-écrit tous les scénarios pour assurer la continuité des histoires et la caractérisation des personnages, est partie d'un format classique qui a fait ses preuves : chaque épisode est centré sur un cas -en l'occurrence une guest-star et ses petits problèmes- mêlé à des intrigues feuilletonnantes, qui permettent de faire évoluer les personnages et de créer un attachement avec le téléspectateur.Et si la très impliquée conseillère en fiction de France 2, Fanny Rondeau, indique avec humour qu'ils se sont dit "On va faire Dallas !", force est de constater que Dix Pour Cent s'inspire bel et bien du genre de soap de prime-time pour articuler ses thématiques et construire ses rebondissements, au coeur d'une arène inédite, celle des agents de stars, un métier méconnu mais passionnant, où les protagonistes doivent tour à tour s'improviser psy, nounous ou chasseurs de têtes. Comme le souligne Françoise Fabian, invitée de luxe de l'hilarant deuxième épisode où elle est en guerre ouverte contre sa rivale de toujours, Line Renaud, la plus grande force de la série réside dans l'écriture de ses dialogues, toujours très percutants, drôles, plein d'esprit, à l'image de ceux des films des années 50, 60 et 70, où le métier de dialoguiste existait encore. La comédienne Camille Chamoux, venue du one woman show, a par exemple participé à l'écriture. On pourrait ainsi extraire quelques phrases cultes sans problème. [SubTitle]A 10% pour son générique[/SubTitle]Sobre, élégant, soigné, le générique de Dix Pour Cent est à son image : [SubTitle]A 20% pour son réalisme[/SubTitle]Sur une idée de Dominique Besnehard, le célèbre agent des stars, la série doit en grande partie son réalisme à ce personnage mythique du showbizz français, bourré d'humour : ce sont ses anecdotes, réelles, qui ont servi de base aux scénarios. Des anecdotes qu'il a consignées dans des carnets tout au long de ses 22 ans de carrière. Les scénaristes n'ont plus eu qu'à piocher parmi les plus croustillantes pour les mettre en scène, et certainement les romancer aussi. Cette authenticité transparait dans la série. Dix Pour Cent aurait pu être élitiste, un entre-soi qui n'aurait parlé qu'aux gens du métier et à ceux que le cinéma fascine à base de "private jokes", mais elle s'avère grand public parce qu'elle est avant tout une comédie humaine, voire familiale, qui raconte le quotidien d'une PME, soumise aux mêmes problèmes que n'importe quelle autre entreprise. Chacun peut s'y retrouver, d'autant que la série ne se contente pas de s'intéresser aux agents, mais aussi aux petites mains essentielles : assistants, standartiste... [SubTitle]A 30% pour ses héros et leurs interprètes[/SubTitle]Les quatre agents de Dix Pour Cent, mélanges de personnes ayant existé/existant vraiment, ne versent jamais dans la caricature et deviennent de plus en plus attachants au fil des épisodes. Plus que leur façon de travailler, c'est leurs vies personnelles chaotiques qui nous accrochent.A ce petit jeu-là, Andréa Martel se distingue, d'abord parce qu'elle est incarnée par la géniale Camille Cottin, mais aussi par son impulsivité, son intelligence et sa liberté, qui en font une héroïne atypique à la télévision française, assurément une femme d'aujourd'hui, totalement moderne. Mathias (joué par Thibault de Montalembert), qui est en quelque sorte son opposé, se différencie dans le rôle de l'anti-héros, là aussi rare chez nous, celui que l'on adore détester et que l'on finit au terme de la première saison par simplement adorer. Gabriel (Grégory Montel), inspiré directement de Dominique Besnehard, est un peu le loser tendre, profondément gentil, fidèle, l'opposé des stars qu'il côtoie. Et puis il y a Arlette (Liliane Rovère) qui engendre un éclat de rire à chacune de ses répliques, parce qu'elle est franche, là où tous ses collègues passent leur temps à mentir. Elle représente l'agent à l'ancienne, "l'impresario", la mémoire du cinéma et de l'agence.