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Divergences en Israël sur la réponse aux attaques palestiniennes

par Dan Williams JERUSALEM (Reuters) - Une partie de l'état-major israélien est en désaccord avec le gouvernement de Benjamin Netanyahu sur les moyens à mettre en oeuvre pour enrayer les violences qui font rage depuis deux mois à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée, où deux Palestiniens ont encore été tués jeudi. Depuis le 1er octobre, 19 Israéliens et un Américain ont été tués, pour la plupart par de jeunes Palestiniens agissant spontanément et à l'arme blanche. Dans le même temps, 90 Palestiniens ont trouvé la mort lors de ces agressions ou dans des affrontements avec les forces israéliennes. Ces violences sont en partie alimentées par les craintes liées au statut de l'esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est. Lieu saint de l'islam et du judaïsme, le site est administré par les autorités religieuses jordaniennes. Les juifs, qui l'appellent mont du Temple, peuvent s'y rendre mais pas y prier, ce que certains contestent. Les Palestiniens craignent que les visites régulièrement organisées par des mouvements juifs auxquels des élus s'associent parfois finissent par remettre en cause ce statut. Pour l'Autorité palestinienne, l'échec du processus de paix est également en cause, un avis partagé par plusieurs responsables des services de sécurité israéliens. "Déception, lassitude, désespoir poussent notre jeunesse à des réactions comme celles auxquelles nous assistons", a déploré jeudi le président palestinien Mahmoud Abbas, lors d'une conférence de presse. "SOULÈVEMENT LIMITÉ" "Le gouvernement israélien a laissé passer toutes les occasions de parvenir à la paix et a bafoué les principes des accords politiques, sécuritaires et économiques, ce qui nous empêche de remplir nos obligations au regard des accords bilatéraux", a-t-il poursuivi. La veille, dans la presse, un officier israélien ayant requis l'anonymat avait invité Benjamin Netanyahu à désamorcer ce "soulèvement limité" en autorisant davantage d'ouvriers palestiniens à venir travailler dans l'Etat hébreu, à libérer des détenus qui présentent peu de risques et à mieux équiper les forces de l'ordre palestiniennes pour leur permettre de mener leur mission plus efficacement. Selon le colonel Nimrod Aloni, commandant du premier bataillon parachutiste de Tsahal, il y a une "grande confusion" dans la lutte contre les violences palestiniennes. "Avons-nous une chance de l'emporter ? Je pense qu'il ne s'agit vraiment pas d'une question militaire, que c'est beaucoup plus lié aux décisions du gouvernement", a-t-il déclaré jeudi au micro de la radio militaire. Yuval Steinitz, ministre israélien de l'Energie, a en revanche assuré qu'il n'y avait aucune divergence sur les moyens à mettre en oeuvre pour enrayer les violences. "Nous prenons déjà des mesures vigoureuses qui vont, j'en suis sûr, donner des résultats", a-t-il dit, évoquant la démolition des maisons d'activistes et, dernièrement, le démantèlement d'une station de radio de Cisjordanie accusée d'incitation au meurtre. La chaîne de télévision de l'Autorité palestinienne pourrait connaître prochainement le même sort, a-t-il averti. "Cela peut prendre des semaines, voire des mois, mais le terrorisme ne triomphera pas de nous. C'est nous qui triompherons de lui", a ajouté le ministre. (Jean-Philippe Lefief pour le service français)