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"Il lui a dit qu’il ferait du mal à son enfant": une mère raconte le viol de sa fille par un soldat russe

Des soldats russes dans les rues de Mariupol le 12 avril 2022 - Alexander NEMENOV © 2019 AFP
Des soldats russes dans les rues de Mariupol le 12 avril 2022 - Alexander NEMENOV © 2019 AFP

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Plus de 80 jours après le début de la guerre en Ukraine, la libération de nombreuses villes permet aux femmes de sortir de l'enfer que leur faisait vivre l'armée russe. C'est le cas à Mala Rohan, un village à l'est de Kharkiv, où Ana, sa sœur Vika, sa mère Natalia et sa fille de 5 ans se sont réfugiées dans le sous-sol d'une école pour se protéger des bombardements, au tout début du conflit.

Mais le soir du 13 mars, un soldat russe, armé, entre dans l'école.

"Quand il est arrivé, il a tiré. Il a demandé à Ana d'aller avec lui. Elle a compris ce qui allait lui arriver", raconte Vika.

"Il lui a dit qu’il ferait du mal à sa fille, donc elle a tout accepté"

Le Russe, âgé d'une vingtaine d’années selon les témoins, emmène Ana dans une salle de classe, la viole et la mutile toute la nuit.

"Quand ma fille est revenue, elle avait la gorge coupée, pas très profondément. Il lui avait aussi coupé la joue et les cheveux. Il l’avait frappé plusieurs fois et le reste, je ne veux pas vous raconter les détails, mais il lui avait fait une piqûre, comme de la drogue, pour pas qu’elle ait mal", témoigne Natalia.

"Il lui a dit qu’elle allait mourir et qu’il ferait du mal à sa fille, donc elle a tout accepté", raconte la mère.

Le lendemain du drame, alors que les bombardements continuent dans la région de Kharkiv et l'est du pays, la famille fuit la ville. "En partant, nous avons marché sous les tirs. Aux checkpoints, ils nous disaient de nous mettre à terre et on le faisait. Heureusement, la fillette d’Ana de 5 ans ne pleurait pas", continue Natalia.

Le viol comme arme de guerre

Ana n'est pas la seule femme victime de viol depuis le début du conflit. Des organisations spécialisées dans les droits de l'Homme ont fait état de centaines de viols par des soldats russes sur des civiles, ce qui constitue des crimes de guerre.

Depuis le début des années 2000, plusieurs initiatives ont été lancées, notamment aux Nations unies, pour tenter de trouver des solutions afin d'éviter cette utilisation du viol comme arme de guerre. Rien n'a cependant véritablement réussi à endiguer durablement le phénomène à ce jour, d'autant que faire parler les victimes est une vraie difficulté.

"Quel que soit le contexte, les victimes de viol ressentent un sentiment de choc et de honte. Sur les zones de conflit, il y a en plus la conscience qu’elles ne sont ni en sécurité ni en confiance. Par conséquent, elles ne se signalent pas", avançait la juriste Céline Bardet à Libération.

Article original publié sur BFMTV.com