Les disparus, face sombre de la démocratie mexicaine

D’après les organismes de défense des droits humains au Mexique, la justice travaillerait actuellement sur 26 000 dossiers de disparitions. Comment un pays démocratique peut-il afficher un tel chiffre, qui dépasse ceux des pires dictatures militaires d’Amérique latine, le Chili ou l’Argentine des années 70 et 80 ?

La question de la responsabilité de l’Etat se pose avec une acuité renouvelée après la révélation, dimanche, d’une enquête indépendante sur la disparition de 43 élèves instituteurs, le 26 septembre 2014, à Iguala, dans l’Etat de Guerrero. Ces étudiants en grève avaient manifesté en ville puis réquisitionné des bus du transport public pour rentrer à Ayotzinapa, où se trouve l’école normale. Selon la version donnée par la justice, les jeunes auraient été arrêtés par la police municipale, puis livrés à des trafiquants de drogue qui les auraient massacrés et incinérés. Et de conclure à un nouvel épisode de la guerre déclarée à l’Etat mexicain par le crime organisé, aidé dans ce cas de policiers corrompus. Les parents des jeunes victimes n’ont jamais accepté que ces sacs-poubelle remplis de cendres, sans trace d’ADN exploitable, soient tout ce qu’il reste de leurs enfants. Et le groupe de chercheurs internationaux réuni par la Commission interaméricaine des droits de l’homme leur donne raison : le scénario de la calcination, fondé sur les aveux d’un trafiquant arrêté, est scientifiquement impossible. Le rapport de 500 pages pointe en outre la responsabilité de la police fédérale et de l’armée : l’une comme l’autre, stationnées à proximité des lieux où les étudiants ont été extraits des bus, sont restées passives. Et les experts révèlent un fait resté inédit : un des autobus détournés aurait transporté, à l’insu des étudiants, une cargaison d’héroïne. La nécessité de récupérer le stock expliquerait la sauvagerie des trafiquants.

L’affaire d’Ayotzinapa est emblématique mais ce n’est qu’un dossier parmi des centaines où des êtres humains ont disparu sans laisser de (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

En Turquie, l’ombre de la guerre civile
Nicolas Hulot : «C’est le moment de vérité»
«L’Europe en fait trop peu, trop tard»
Fermeture des frontières, les leçons de l’histoire
Le ministre irakien des Affaires étrangères: «Les moyens pour combattre l'Etat islamique ne sont pas à la hauteur»