Disparition de Chantal Mellet: suspecté du meurtre de sa femme, le "Jubillar de l'Yonne" remis en liberté

Frédéric Mellet, un éleveur de chèvres dans l’Yonne, est soupçonné d’avoir tué sa femme Chantal, portée disparue depuis le 2 juillet 2020 à Joigny. En détention provisoire depuis mai 2022, celui qui est surnommé le "Jubillar de l’Yonne", pour les similarités de son cas avec celui de Cédric Jubillar, a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire le mercredi 7 août 2024, alors que l’instruction est toujours en cours, ont révélé nos confrères de l’Yonne Républicaine et France 3 Bourgogne-Franche-Comté.

"Une ordonnance de soit-communiqué nous a été remise", a précisé Hugues de Phily, procureur de la République d’Auxerre, à France 3 Bourgogne-Franche-Comté. "Aux yeux du juge d’instruction, le dossier est arrivé à son terme."

Cette libération surprise, la justice ayant confirmé en avril dernier le maintien en détention provisoire de Frédéric Mellet pour six mois supplémentaires, intervient après une nouvelle demande de remise en liberté déposée par ses deux avocats, Me Franck Berton et Me Yasmina Belmokhtar, a indiqué Ouest-France.

Selon nos confrères, un nouveau juge d’instruction a semblé avoir estimé que le maintien en détention de l'éleveur devenait difficile à justifier.

Ni corps, ni scène de crime, ni aveux

Dans l’affaire de la disparition de Chantal Mellet, il n’y a ni corps, ni scène de crime, ni aveux, ni aucun élément matériel. "On est tous à peu près d’accord pour estimer qu’il s’agit d’un dossier complexe, qui a nécessité beaucoup d’investigations, dans lequel le corps de la victime n’a pas été retrouvé", a déclaré le procureur de la République d’Auxerre qui a six mois pour rendre sa décision et renvoyer, ou non, Frédéric Mellet devant une cour d’assises, auprès de France 3 Bourgogne-Franche-Comté.

Frédéric Mellet clame, de son côté, son innocence depuis le début de la disparition de son épouse. De retour à son domicile à Joigny, il a affirmé, dans une interview accordée à L’Yonne Républicaine, qu’il "n’y a rien contre moi. Il n’y a pas de preuve scientifique. Aujourd’hui, je veux qu’on finalise cette affaire".

Le dossier a débuté le 2 juillet 2020 dans la petite commune de Joigny. Chantal Mellet, éleveuse de chèvres de 54 ans, a disparu du domicile conjugal sans donner signe de vie. Frédéric Mellet, son mari, devient alors principal suspect. Il est mis en examen et placé en détention provisoire le 20 mai 2022 pour "homicide volontaire".

Le matin de la disparition de sa femme, Frédéric Mellet se lève "entre 5 heures et 6 heures" et part traîre ses chèvres. Selon son récit, il apporte à plusieurs reprises du lait à son épouse, et lui donne rendez-vous sur les coups de 9 heures. Il souhaite parler d’un "sujet personnel" avec celle qui lui a annoncé, quelques jours plus tôt, vouloir quitter le foyer familial pour vivre avec son amant. C’est d’ailleurs cet homme qui signale la disparition de l'exploitation agricole de 55 ans, rapportait Le Parisien.

Mais à l'heure du rendez-vous, sa femme ne se trouve plus au domicile, raconte Frédéric Mellet. Deux heures plus tard, à 11h10, il effectue un achat dans un magasin de bricolage. Ce sont ces deux heures que les enquêteurs tentent à tout prix de reconstituer.

Frédéric Mellet nie en bloc

Frédéric Mellet nie en bloc avoir tué son épouse, malgré un profil et de premiers éléments de l'enquête qui feraient de lui le coupable idéal.

En effet, la veille de la disparition de son épouse, il a annulé un rendez-vous. De plus, les expertises menées sur le téléphone de Frédéric Mellet "révèlent que son téléphone n’est plus localisable de 6h28 à 10h20". Il aurait donc été mis en mode avion ou éteint. Un élément "inhabituel d’après l’examen de sa téléphonie", précise un arrêt de la chambre de l’instruction.

Autre élément qui intrigue les gendarmes: le récit de la fille cadette du couple, âgée de 21 ans, qui a évolué et changé durant ces deux dernières années, notamment concernant sa date de réveil le matin de la disparition, finissant par admettre que lorsqu'elle s'est levée à 9 heures, ni son père, ni sa mère n'étaient présents.

Article original publié sur BFMTV.com