Discussions à Bagdad sur un engagement US renforcé contre l'EI

par Yeganeh Torbati BAGDAD (Reuters) - Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, qui a effectué mercredi une visite impromptue à Bagdad, a étudié avec les dirigeants irakiens les moyens d'intensifier la lutte contre les djihadistes, notamment par l'engagement d'hélicoptères de combat américains pour reprendre les territoires contrôlés par l'Etat islamique (EI). Les Etats-Unis sont prêts à accroître leur aide aux forces de sécurité irakiennes, qui voudraient notamment reprendre Mossoul, la deuxième ville du pays occupée par l'EI depuis juin 2014. Ashton Carter a cependant souligné que toute initiative américaine sur le terrain devrait obtenir le feu vert du Premier ministre irakien Haïdar al Abadi, dans le respect de la souveraineté de l'Irak. Jusqu'ici, le Premier ministre, un chiite, n'a pas réclamé le soutien des hélicoptères Apache. Soutenues par l'Iran, les puissantes milices chiites qui appuient l'armée irakienne contre l'EI ne veulent pas voir les forces américaines s'engager plus en Irak. "Nous avons parlé des possibilités d'accroître, à l'avenir, la contribution des Etats-Unis aux succès (de l'armée irakienne) sur le terrain", a dit Ashton Carter aux journalistes. "Tous deux, Abadi et moi, nous supposons qu'il y a aura de telles possibilités lorsque les forces irakiennes avanceront vers Mossoul, et nous (Américains) sommes prêts à accroître notre contribution." Tout déploiement d'hélicoptères de combat et de conseillers américains dépendra du Premier ministre irakien, a insisté le secrétaire à la Défense. HÉLICOPTÈRES "Le Premier ministre n'a fait aucune demande concernant les hélicoptères (...) en rapport avec les opérations menées actuellement à Ramadi", a-t-il poursuivi. Le gouvernement irakien et le général Sean B. MacFarland, qui supervise les opérations contre l'EI, ne pensent d'ailleurs pas que l'engagement de ces hélicoptères soit actuellement nécessaire pour reprendre aux djihadistes cette ville située à l'ouest de Bagdad. "Mais il n'est pas dit qu'ils (ces hélicoptères) ne fassent pas la différence un jour ou l'autre", a ajouté Ashton Carter. Dix mille combattants des forces de sécurité irakiennes encerclent actuellement Ramadi. "Nous sommes optimistes", a assuré le général MacFarland, sans dire dans combien de temps, à son avis, la ville pourrait être reprise. La chute de Ramadi en mai dernier avait constitué un revers sans précédent pour les autorités irakiennes et leurs alliés depuis l'émergence spectaculaire de l'EI à l'été 2014 à Mossoul et dans de larges portions des territoires irakien et syrien. (voir) Haïdar al Abadi, pour sa part, a fait état de "progrès énormes" dans le secteur de Ramadi et a affirmé que les forces irakiennes "étaient sur le point de briser l'échine" de l'EI. Depuis les attaques djihadistes qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis le 13 novembre, le gouvernement américain semble vouloir accélérer le tempo d'une campagne engagée à l'été 2014. Washington a notamment annoncé au début du mois le déploiement de membres des forces spéciales américaines pour aider l'armée irakienne à combattre les djihadistes et pour mener des opérations unilatérales en Syrie. (Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)