Abakar Manany : « La situation au Tchad ne pouvait pas être pire »
L'opposant Succès Masra, leader du parti des Transformateurs, vient de rentrer au Tchad après un accord avec les autorités de la transition dans lequel il s'engage d'abord à « privilégier les actions facilitant le retour à l'ordre constitutionnel dans le délai imparti », à « respecter les lois » et à « œuvrer pour un climat politique apaisé […] en évitant toute forme d'action violente ». Que restera-t-il de cela dans quelque temps quand certaines réalités politiques du terrain reprendront le dessus ? La question mérite d'être posée car, avant lui, un autre Tchadien, Abakar Manany, naguère proche d'Idriss Déby, après un exil de près de deux décennies, a eu à revenir au pays pour contribuer. Installé à Dubai, ce pilote est aussi propriétaire d'une compagnie aérienne. Cet entretien est son témoignage sur les réalités qui l'ont conduit à quitter une nouvelle fois le pays.
Le Point Afrique : Votre souhait d'une transition politique pacifique vous a conduit à rentrer au Tchad en 2021 après plusieurs années d'exil et à travailler avec Mahamat Idriss Déby, président de la transition, pendant un an et demi. Que retenez-vous de cette expérience et quelles leçons en tirez-vous ?
Abakar Manany : Les leçons, à gros traits, peuvent se résumer en un mot : déception. Une déception à la hauteur des attentes que j'avais placées dans la transition au regard des gages de bonne volonté que le nouveau régime avait apportés. Je me disais que la situation au Tchad ne pouvait pas êt [...] Lire la suite