Dis, c’est loin la mer ?

C’est un lieu où le festivalier se rend comme s’il approchait d’une maison hantée. Car on ne sait pas très bien ce qu’il s’y passe, là-bas, de l’autre côté du Vieux-Port. On dit qu’il y a des plages, des embouteillages et des immeubles qui défigurent le front de mer, rien à voir avec la Croisette qui s’élance gracieusement de l’autre côté de la baie. Comme pour la séparation entre Armagnacs et Bourguignons, c’est la statue de Jeanne d’Arc, en face de la jetée, qui marque les frontières festivalières. Prenons notre courage à deux mains et visitons le quartier interdit.

Dominé par les tourelles néogothiques de l’ancien Hôtel du parc, ce bord de mer n’offre rien d’original : ballons, bouées, chairs au soleil, hélicoptères qui strient le ciel, deux paquebots à l’arrière-plan et une bouteille en plastique qui flotte sur l’eau. Le paramètre extraordinaire, c’est qu’on n’y voit aucun badge d’accréditation du Festival mais des paréos, des serviettes mouillées et du sable qui colle sur le dos. On y entend : «On remonte se changer et on va prendre un verre dans le centre ?» Et pas : «T’as vu le Kawase je ne sais pas quoi en penser ?»

«Pour nous, le Festival est le pire des moments de l’année, explique Greg, 40 ans, barman. On n’a aucun client, et comme la circulation est bloquée vers le Palais on se récupère les bouchons. C’est pénible.» Les restos donnant sur la plage, avec transats et zone privée, sont de moins en moins chers à mesure qu’on s’éloigne. «C’est comme un tremblement de terre, explique Jean-Gabriel, 59 ans. L’épicentre, c’est le Bunker. Nous, nous sommes en périphérie.» Ce patron de cabanon nettoie tranquillement ses éviers, tutoie les clients. Il fut jadis chauffeur du Festival et en parle comme d’un eldorado qu’il n’a jamais trouvé mais dont il aperçoit de loin les contours : «Là-bas, c’est violent. C’est compliqué d’y avoir une affaire. Ils sont quatre pour tenir un cabanon. Ici, c’est dur aussi, mais c’est plutôt en août.»

Sur la plage, personne n’a de (...)

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